Le CNCT s’engage aux côtés de la Stop Tobacco Pollution Alliance pour mettre fin à la pollution plastique
Le CNCT, membre de la Stop Tobacco Pollution Alliance (STPA), une coalition mondiale d’organisations coordonnée par Action for Smoking and Health et le Global Center for Good Governance in Tobacco Control, soutient l’inclusion de la lutte contre le tabagisme dans les actions de préservation de l’environnement, en particulier à travers le traité mondial sur la pollution plastique.
L’Assemblée des Nations unies pour l’environnement a adopté en mars 2022 une résolution visant à entamer la négociation d’un traité international juridiquement contraignant visant à mettre fin à la pollution plastique. Ce Traité plastique actuellement en cours d’élaboration aborde le cycle de vie complet du plastique, y compris la production, la conception, son élimination. Le premier cycle de négociations du traité des Nations unies sur les matières plastiques a débuté le 28 novembre 2022 à Punta del Este, en Uruguay, avec pour objectif de finaliser le traité d’ici 2024 grâce à un cycle de négociations. La France accueillera la deuxième session de négociations sur le traité international sur la pollution plastique au printemps 2023. Le CNCT, aux côtés de la Stop Tobacco Pollution Alliance participera activement à ces négociations et agira pour garantir une mise en Å“uvre solide des mesures du traité qui servent à réduire l’épidémie de tabagisme et son impact sur l’environnement.
L’impact catastrophique des activités de l’industrie du tabac sur l’environnement
La culture du tabac entraîne une perturbation de l’écosystème et représente 5 % de la déforestation mondiale, une cause importante des émissions de gaz à effet de serre. La production de tabac génère deux millions de tonnes de déchets solides par an, dont une grande partie est constituée de produits chimiques toxiques. Les cigarettes et leurs emballages comptent parmi les articles les plus répandus sur la planète. On estime que 4,5 trillions de filtres de cigarettes sur les 5,5 trillions de cigarettes produites par l’industrie du tabac chaque année finissent jetés dans la nature. Ces filtres – qui contiennent chacun 15 000 brins détachables d’acétate de cellulose et mettent jusqu’à 12 ans à se décomposer – se retrouvent dans les milieux aquatiques et urbains et nuisent aux organismes marins, aux mammifères, aux oiseaux et aux plantes.
L’utilisation des filtres pour la consommation de tabac ne s’accompagne pas d’une réduction des risques pour le fumeur. Au contraire, les filtres peuvent renforcer la dangerosité de la fumée de tabac en amenant les fumeurs à prendre des bouffées plus volumineuses et plus prolongées afin de répondre à leur besoin en nicotine. Ce faisant, cela augmente leur exposition à la toxicité de la fumée. Ainsi, la généralisation des filtres sur les cigarettes s’est accompagnée d’une hausse des adénocarcinomes bronchiques, variété de cancers bronchiques plus agressive encore que les cancers épidermoïdes. Les filtres ont été introduits par les fabricants comme un argument de vente marketing en réponse aux inquiétudes des consommateurs pour leur santé. Ils facilitaient de surcroît l’entrée dans le tabagisme. En effet, en réduisant le caractère acre de la fumée de tabac, les filtres facilitent l’initiation tabagique des jeunes et la poursuite de leur consommation par les fumeurs dépendants. Les filtres, qui sont constitués de substances plastiques, donc peu/pas biodégradables, sont un facteur majeur de pollution environnementale des sols et des eaux et font du mégot, la première source de déchets océaniques.
Le CNCT s’était déjà positionné en faveur de l’interdiction des filtres et appelle les pouvoirs publics à agir en ce sens et soutient également fortement le principe pollueur payeur via un mécanisme de taxes payés par les fabricants.
Les cigarettes électroniques, nouveaux consommateurs et nouveaux enjeux environnementaux
Les nouveaux produits du tabac et de la nicotine, en particulier les cigarettes électroniques, gagnent en popularité auprès des jeunes, notamment en raison de la disponibilité et de la variété des arômes. Les produits du vapotage se déclinent en milliers d’arômes attractifs. LA STPA dénonce le marketing ciblé de l’industrie du tabac à l’encontre des jeunes. Elle rappelle que les arômes tels que la mangue, la fraise et le chocolat sont les types d’arômes sucrés qui attirent les jeunes. Les fabricants de tabac soutiennent que les vapes aromatisées aident à arrêter de fumer, or selon une étude étatsunienne,  plus de 80 % des jeunes qui ont consommé des produits de la nicotine ont commencé par des produits aromatisés.
Bien que l’industrie du tabac communique activement sur le côté « plus respectueux de l’environnement » de ce nouveaux produits, l’essor rapide de la consommation de cigarettes électroniques, notamment auprès des jeunes générations, pose un nouveau problème environnemental. Les appareils, comportant batteries et plastiques, deviennent une nouvelle source massive de déchets. Produits en quantité, sans solution de recyclage, les cigarettes électroniques mettent en cause la responsabilité de leurs fabricants. Une situation aggravée depuis l’arrivée des dispositifs jetables (puffs) qui ont rapidement gagné en popularité auprès des jeunes et qui font l’objet d’un marketing très agressif auprès de ces derniers.
Le CNCT s’était positionné fin 2021 pour l’interdiction des cigarettes électroniques jetables en France, plusieurs pays européens étudient actuellement l’adoption d’une telle mesure (Ecosse, Irlande…).
Appel à la vigilance autour des activités de RSE et du lobby de l’industrie du tabac
Les objectifs de l’industrie du tabac demeurent de continuer à remplacer ses consommateurs, décédés prématurément en renouvelant son « stock » de consommateurs auprès des jeunes. Sa finalité demeure donc de poursuivre le développement de ses produits nuisibles à la santé et à l’environnement. Dans cette perspective ses intérêts demeurent radicalement opposés à l’intérêt général qui est de préserver l’environnement avec une logique de supprimer au maximum les déchets et plus particulièrement les déchets toxiques que sont les produits du tabac et de la nicotine. Dans cette perspective la stratégie d’image développée par les fabricants aujourd’hui ne doit pas faire illusion et faire oublier l’ampleur de leurs dégâts. Ainsi le parrainage d’activités de nettoyage de plages ou du littoral ou encore le financement d’organismes environnementaux correspondent fondamentalement à une forme d’écoblanchiment.
La Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT) exige des pays qu’ils protègent leurs politiques de santé publique en matière de lutte antitabac contre les intérêts commerciaux et autres de l’industrie du tabac.  Les associations de lutte contre le tabagisme dénoncent depuis des décennies la forte ingérence de l’industrie dans la mise en place de mesures efficaces pour réduire le tabagisme dans le monde. Plus récemment, le récit de la « transformation de l’industrie du tabac » avec ses nouveaux produits du tabac et de la nicotine qu’elle commercialise comme étant « moins nocifs » a détourné l’attention des consommateurs et des décideurs des dangers pour la santé, des impacts environnementaux et, plus important encore, des solutions efficaces pour réduire les conséquences sanitaires et environnementales du tabagisme.
Un ensemble cohérent de recommandations pour réduire la consommation et protéger l’environnement :
L’objectif premier de la Stop Tobacco Pollution Alliance est de s’assurer que les filtres de cigarettes soient inclus dans toute liste de plastiques à usage unique à interdire dans le cadre du traité. En outre, cette alliance, forte de l’expérience du traité de l’OMS, la Convention cadre pour la lutte antitabac, appelle à l’exclusion de l’industrie du tabac dans le cadre de ces négociations compte tenu des intérêts inconciliables poursuivis par cette dernière et l’intérêt général.
L’alliance formule également un ensemble de recommandations susceptible de réduire la consommation globale de produits de la nicotine, de protéger la jeune génération et de réduire par ce biais l’impact délétère de ces produits sur l’environnement.
Le CNCT engagé au sein de cette alliance partage et soutient ainsi ces recommandations portées par le collectif :
- D’exiger de l’industrie du tabac qu’elle paie pour les dommages passés et futurs causés à l’environnement et à la santé, conformément au principe du « pollueur-payeur » tout en l’excluant de tous les processus de décision ;
- D’interdire toute forme de publicité, de promotion et de parrainage du tabac et des autres produits de la nicotine sur tous les supports y compris digitaux, et d’inclure dans le champ de l’interdit les activités dites de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) de l’industrie du tabac ;
- D’interdire les filtres de cigarettes, qui ne protègent pas sur le plan sanitaire, ainsi que les plastiques toxiques à usage unique (comme les cigarettes électroniques jetables de type puff), afin de réduire les risques du tabagisme, la consommation des jeunes et la pollution plastique ;
- D’appeler les gouvernements à être vigilants et se préserver de l’ingérence de l’industrie du tabac, conformément à l’article 5.3 de la Convention-Cadre de l’OMS qui exige des gouvernements de garantir la transparence des interactions avec l’industrie, de limiter ces relations au strict nécessaire.
En savoir plus sur la Stop Tobacco Pollution Alliance (STPA)
Uncovering the Truths Behind the Tobacco Industry’s Deception – New York Times
Mots-clés : Stop Tobacco Pollution Alliance, environnement, industrie du tabac, lobby, filtres, marketing, traité plastique