Documents internes de l’industrie du tabac
Que sont les documents internes de l’industrie du tabac ? Que nous apprennent-ils et comment les utiliser ?
Retrouvez bientôt un guide complet pour plonger au cœur de la face cachée de l’industrie du tabac et découvrez déjà toute leur valeur pour la lutte contre le tabagisme !
Les « documents internes » de l’industrie du tabac : de quoi s’agit-il ?
En 1998, six millions de documents secrets, représentant plus de 35 millions de pages, ont été rendus publics, mettant ainsi à jour tout ce que neuf compagnies de tabac savaient sur la dangerosité de leurs produits, quand elles l’ont su et tout ce qu’elles ont fait pour le dissimuler.
Ces documents provenaient de sept compagnies de tabac (de Philip Morris, de R.J. Reynolds Tobacco Company, de Brown & Williamson Tobacco Corporation, de British American Tobacco Industries, de Lorillard Tobacco Company, de l’American Tobacco Company, du groupe Liggett,) et deux organisations qui leur sont affiliées (le Tobacco Institute et le Center for Tobacco Research).
Des documents « arrachés » à l’industrie suite à des actions en justice pour fraude
Comment a-t-on eu accès à cette mine d’informations compromettantes ?
Au cours des décennies 1990 et 2000, des dizaines de procédures ont été intentées par des fumeurs ou leur famille, dans différents états des Etats-Unis, à l’encontre de fabricants de tabac américains. Les plaignants affirmaient que les compagnies de tabac s’étaient rendues coupables de « négligences » en fabriquant un produit dangereux, alors même qu’elles savaient que ce produit était toxique, tout en n’alertant pas le public, voire même en niant publiquement tout danger.
En outre, ces compagnies étaient accusées d’avoir accru les effets de la nicotine dans les cigarettes tout en niant que la nicotine était addictive. Enfin, elles étaient accusées d’avoir délibérément cherché à attirer de nouveaux fumeurs parmi les enfants mineurs au travers de campagnes de marketing.
Au début de l’année 1994, plusieurs états ont engagé des poursuites contre les fabricants de tabac, non seulement pour fraude (puisque les compagnies avaient caché au public tout ce qu’elles savaient concernant leurs produits), mais aussi afin de recouvrir l’argent dépensé au niveau de ces états en soins pour les fumeurs malades et mourants. La procédure initiée par l’Etat du Mississipi est devenue célèbre grâce au film « Révélation » de Michael Mann (avec Al Pacino et Russel Crowe), premier film du genre, sorti en 1999.
Au cours de ces procès, des documents de l’industrie du tabac ont été « découverts ». Pour les besoins de l’affaire, l’Etat du Minnesota a en effet exigé que tous les documents concernant une douzaine de thèmes (allant de l’impact du tabagisme sur la santé aux cigarettes soi disant légères en passant par les manipulations des taux de nicotine pour rendre les fumeurs plus accros, les stratégies de publicités et de marketing, les études sur la sociologie et la psychologie des fumeurs, etc.) soient rendus publics.
L’industrie du tabac n’a pas livré ces documents sans mener un farouche combat et il a fallu une décision de la Cour Suprême américaine pour permettre leur prise en compte dans la procédure. Les sociétés de tabac ont essayé de cacher leurs documents en arguant du concept de secret de la relation client-avocat, mais les tribunaux ont jugé qu’il s’agissait purement et simplement d’une tentative de dissimulation d’un crime et de fraudes.
En 1998, les compagnies de tabac ont conclu un accord avec l’état du Minnesota. Et dans l’espace de quelques mois, toutes les autres poursuites des états américains à l’encontre de l’industrie ont abouti à un accord global : les états acceptaient de renoncer à leurs poursuites contre l’industrie en échange du paiement par l’industrie d’une importante somme d’argent pour financer des fonds destinés à des programmes de lutte contre le tabagisme).
De plus, les compagnies s’engageaient à rendre publics tous les documents découverts lors des procédures jusqu’en 1999, ainsi que tout nouveau document découvert dans le cadre de procédures ultérieures dans des juridictions américaines jusqu’en 2010.
Les preuves irréfutables d’un scandale industriel mondial
Bien que les documents proviennent uniquement de sociétés qui réalisaient leurs activités économiques aux Etats-Unis, nombre d’entre eux reflètent les plans, à l’échelle internationale, des stratégies et des activités de ces multinationales.
Certaines lettres et mémos qui abordent les plans globaux et locaux afin de contrer les démarches des activistes antitabac sont particulièrement intéressants, de même les moyens destinés à semer la confusion au niveau du public à propos des preuves relatives à la dangerosité du tabac pour la santé.
Ces documents sont particulièrement importants, non seulement pour les acteurs de santé publique, mais aussi pour les journalistes, les juges, les responsables politiques et d’une manière générale les citoyens.
Ils constituent d’ores et déjà des pièces à conviction pour de nombreuses procédures intentées contre les fabricants de tabac pour défaut d’information, voire tromperie, et peuvent être utiles pour de futures procédures.
Ces documents internes secrets peuvent également éclairer le public au travers de leur publication dans des journaux, revues, à la télévision, voire dans des films, comme cela été le cas dans le film Révélation, ou le film de Nadia Collot, « Tabac, la conspiration », pour montrer ce que les compagnies de tabac savaient à propos de leurs produits et toutes leurs démarches destinées à dissimuler ces dangers.
De telles révélations peuvent aussi contribuer à l’adoption de mesures législatives visant à réduire le tabagisme, en mettant en lumière la nécessité de contrer les pratiques d’une industrie qui fait prévaloir ses intérêts économiques sur l’intérêt général.
A ce titre, ces documents ont notamment rendu possibles les négociations de l’Organisation mondiale de la Santé avec 191 pays, conduisant à l’adoption du premier traité international de santé publique, la Convention Cadre de Contrôle du Tabac (CCLAT).
Que révèlent ces fameux « documents internes » ?
Parmi les enseignements que l’on peut tirer de ces documents, il apparaît que les fabricants, unanimement, ont adopté une position officielle qui se voulait très rassurante en direction des consommateurs et des responsables politiques et qui allait à l’encontre de leurs connaissances. Ils ont ainsi délibérément menti pendant des décennies pour empêcher que des mesures de santé publique de protection soient adoptées, susceptibles de réduire leurs ventes.
Les effets du tabac sur la santé
De nombreux documents, dont certains remontent au début des années 50 révèlent de manière détaillée, comment les compagnies de tabac ont nié et dissimulé les preuves manifestes relatives à la dangerosité de leurs produits y compris les preuves émanant de leurs propres laboratoires.
On découvre comment l’industrie du tabac a mené ses propres recherches sur des animaux montrant les effets cancérigènes du tabac par exemple.
L’industrie du tabac a financé des experts scientifiques et des journalistes, qui le plus souvent ne révélaient pas leurs liens, et qui écrivaient et témoignaient devant des comités gouvernementaux, en minimisant le rôle du tabac en tant que cause de pathologies pour les fumeurs ou niant que la fumée de tabac constitue un danger pour les non-fumeurs.
Les compagnies de tabac et leurs agences de communication et de relations publiques ont aussi organisé des conférences scientifiques dans lesquelles leurs consultants s’efforçaient de « maintenir la controverse » – une formulation mainte fois répétée – , notamment sur la question du tabagisme passif, également qualifié de fumée de tabac environnementale.
Enfin, les documents ont révélé que les industriels du tabac savaient depuis des décennies que les cigarettes soi disant « légères », qui promettaient moins de goudrons et de nicotine et qui étaient présentées comme une réponse pour les fumeurs préoccupés des risques pour leur santé, étaient en fait tout aussi toxiques car elles étaient fumées en inspirant plus profondément et plus fréquemment afin de compenser les niveaux moindres de nicotine. Les compagnies, parfaitement au courant de ce phénomène de compensation, ont délibérément fait la promotion de ces cigarettes en laissant clairement entendre qu’elles étaient plus sûres pour la santé. Les fabricants ont même été jusqu’à contrer les interdictions de publicité en arguant du fait que la publicité en faveur des cigarettes légères contribuaient à « informer » les consommateurs sur des produits plus sûrs pour la santé.
Les recherches portant sur les propriétés et effets de la nicotine et l’addiction
Le tabac est une drogue mais dans une optique de respectabilité, il était fondamental qu’un tel terme ne soit pas associé à la cigarette et aux autres produits du tabac. Dans cette perspective, les fabricants de tabac ont nié en bloc le fait que leurs produits rendaient les consommateurs dépendants. L’exemple le plus marquant de cette dénégation est sans doute le moment où les sept représentants des compagnies de tabac américaines ont chacun juré devant une commission d’enquête du Congrès américain que la nicotine ne rendait pas dépendant.
Or les documents internes attestent qu’ils connaissaient particulièrement bien les propriétés addictives de la nicotine et qu’ils ont même manipulé leurs produits pour les rendre plus addictogènes.
En effet, de nombreux scientifiques travaillant pour l’industrie du tabac savaient que c’était la principale raison qui expliquait que les gens fument, et qu’il leur était difficile d’arrêter précisément du fait de cette dépendance. Ils savaient également que l’impact de la nicotine pouvait être majoré en la délivrant plus rapidement au cerveau au travers d’additifs, d’adjonction d’ammoniaque, de manipulations génétiques des plants de tabac British American Tobacco a ainsi, mené des expériences secrètes tendant à manipuler génétiquement les plants de tabac afin qu’ils aient un rendement en nicotine deux fois plus élevé que la moyenne obtenue avec des plants de tabac classiques.
Outre les 4000 substances chimiques recensées dans la fumée de tabac (dont plus d’une soixantaine sont des cancérigènes bien connus), l’étude des documents de l’industrie du tabac nous apprend que ces compagnies utilisaient des agents chimiques afin d’accroître la dépendance à la nicotine, contribuant ainsi à élargir les voies pulmonaires en vue d’accélérer l’absorption de la fumée, ou encore d’atténuer l’âcreté du tabac en ajoutant des parfums ou des saveurs attractives. Ces saveurs souvent sucrées (cacao, réglisse, chocolat, menthe) attirent particulièrement les jeunes.
Les stratégies de publicité, marketing et promotion des cigarettes de l’industrie du tabac
Les fabricants de tabac et leurs agences de relations publiques ont toujours insisté sur le fait que :
- La publicité n’était pas cause de l’entrée dans le tabagisme des non fumeurs, mais avait simplement pour fonction d’inciter des fumeurs à changer de marque et qu’en aucun cas elle accroissait la consommation ;
- Leur marketing n’a jamais été conçu en direction des enfants et des jeunes.
Les documents révèlent que la vérité se situe, une nouvelle fois, à l’opposé de ces déclarations. Les experts en marketing des compagnies de tabac connaissaient parfaitement cette équation : pour remplacer les personnes décédées du tabac, il est indispensable de recruter en permanence de nouveaux fumeurs.
Etant donné que la majorité des fumeurs adultes commencent au moment de l’adolescence, il est ainsi important de les cibler le plus tôt possible au travers de publicités et promotions.
Les fabricants de tabac ont même conçu des campagnes dites de « prévention du tabagisme des jeunes » à travers le monde entier en mentionnant « les enfants ne doivent pas fumer tant qu’ils ne sont pas adultes », « omettant » naturellement d’indiquer les raisons pour la santé qui justifient qu’il ne faille pas fumer.
Ces campagnes ont été conçues de telle manière qu’elles soient au mieux neutres voire contre productives c’est-à-dire incitatrices pour les jeunes non fumeurs présentés à l’antipode des personnages dans lesquels souhaitent s’identifier les jeunes. Les documents internes montrent que ces campagnes ont avant tout été conçues afin de détourner les critiques sévères relatives à leurs pratiques de marketing comme par exemple celles promouvant le personnage de Joe Camel qui a pris au piège du tabac des millions de jeunes adolescents.
Par ailleurs, en adoptant un positionnement officiel délibérément tourné vers les adultes, alors même que leurs pratiques ciblent les jeunes, les compagnies de tabac espèrent que de telles campagnes officielles/institutionnelles limiteront l’adoption de législations restrictives à leur égard en matière de vente et de marketing.
Les documents internes confirment que le marketing des cigarettiers cible également les femmes, en utilisant pour les attirer les images de libération, d’émancipation, d’égalité, de séduction, de finesse/minceur, voire de santé, d’énergie et l’évocation de moments agréables.
Compte tenu du fait que la prévalence du tabagisme diminue dans les pays industrialisés en raison des législations antitabac de plus en plus contraignantes, les documents de planification stratégique de l’industrie du tabac montrent leur agressivité commerciale pour accroître leurs profits, en particulier dans les régions du monde où les restrictions sont moindres et où les populations sont moins sensibilisées et informées sur les risques.
Les études de l’industrie sur la sociologie et la psychologie des fumeurs
Chaque année, des milliers de chercheurs, d’un niveau de qualification élevé en marketing, psychologie, sociologie, interrogent et font des recherches pour déterminer quels produits les gens sont davantage prêts à fumer, pourquoi les fumeurs continuent à fumer, quels sont ceux qui risquent d’arrêter et comment les amener à y renoncer, comment les personnes réagissent à la publicité …
Les documents montrent l’attention toute particulière que l’industrie accorde aux catégories socioéconomiques, aux distinctions ethniques et culturelles, aux différences d’âge, de sexe, aux variables telles que les niveaux d’instruction, les modèles de tabagisme et de nombreux autres critères. Tout ceci est conçu, dans le but de développer un marketing très sophistiqué basé sur la segmentation.
L’ingérence de l’industrie du tabac pour empêcher l’adoption de mesures politiques de santé publique : l’exemple du traité international de l’OMS
Les documents internes de l’industrie du tabac révèlent que ces derniers ont exercé un lobbying extrêmement fort pour mettre à mal les efforts de l’Organisation Mondiale de la Santé en matière de contrôle du tabac. L’industrie a ainsi particulièrement lutté pour entraver le développement et l’adoption de la Convention-Cadre de la Lutte Anti-Tabac, au travers de stratégies mondiales visant à empêcher la mise en œuvre de mesures de santé efficaces et à discréditer l’OMS, considérée, comme l’un de leurs principaux ennemis.
Parmi ces stratégies[1] figurent la réduction des budgets consacrés aux activités décisionnelles et scientifiques de l’OMS, la publication d’études scientifiques fallacieuses, l’influence sur d’autres institutions de l’ONU et les pays en développement pour saper l’action de l’OMS.
Les travaux scientifiques de Smith et al. (2010)[2] démontrent également comment l’industrie du tabac en établissant un réseau d’autres industries (alcool, chimie etc…) a exercé des pressions pour changer les procédures d’adoption au sein de l’Union Européenne.
Aller plus loin en consultant des documents internes de l’industrie du tabac
Caractéristiques des principaux sites
Pour accéder aux documents internes de l’industrie du tabac et approfondir vos recherches, vous pouvez consulter plusieurs sites listés ci-après. En consultant ces derniers, vous aurez ensuite la possibilité de faire des recherches précises grâce à des champs dits « de requête ».
Le manuel présenté par le CNCT vous permet de savoir quels sites consulter pour découvrir la face cachée de l’industrie et comment consulter ces bases de données aux informations ultra-confidentielles.
Pour aller plus loin dans vos recherches, nous vous conseillons de consulter en priorité les sites d’organismes indépendants comme ceux de l’Université de Californie.
1. Les sites des organismes indépendants
- http://legacy.library.ucsf.edu/ : Université de Californie, San Francisco. Tous les documents contrôlés sur les compagnies de tabac jusqu’à 1999 et mise à jour pour la période ultérieure ;
- www.bat.library.ucsf.edu : Les documents de BAT sont disponibles sur le site de l’Université de Californie, mise en ligne d’une partie des collections du dépôt de Guildford ;
- http://tobaccodocuments.org : Site d’une organisation non gouvernementale. Il contient presque tous les documents contrôlés sur les compagnies jusque 1999 et est également dépositaire de documents auparavant secrets, qui étaient jusqu’alors disponibles, avec difficultés, auprès de la Commission pour le Commerce du Congrès américain. Ce site fait l’objet de mises à jour et d’adaptations régulières.
Vous pouvez également consulter les sites des cigarettiers. Ces sites comportent des documents propres aux fabricants de tabac mais également des documents de veille concurrentielle.
2. Les sites des cigarettiers
- www.pmdocs.com (Philip Morris) : Site le plus important et l’un des plus aisés au niveau de la consultation et de la recherche ;
- http://www.rjrtdocs.com/rjrtdocs/index.wmt?tab=home (R.J. Reynolds Japan Tobacco, Brown & Williamson et American Tobacco) : Site dont les instructions sont compliquées mais riches en informations ;
- www.tobaccoinstitute.com (Tobacco Institute, organisme de lobby des fabricants de tabac) : comparable à celui de Philip Morris.
Enfin, certaines ONG ont déjà effectué un travail de synthèse en rassemblant les documents les plus pertinents par thème.
3. Les sites des ONG
- www.ash.org.uk : Site de l’association britannique ASH qui contient des articles sur l’exploitation de documents internes de l’industrie concernant des thèmes particuliers (nicotine, marketing, publicité, etc.).
La définition des champs de recherche au travers de l’exemple du site de Philip Morris
Le site de Philip Morris est probablement le plus facile pour travailler. A titre d’exemple, nous allons faire une recherche à travers ce moteur de recherche.
Objectif de la recherche : déceler l’existence de documents démontrant que les cigarettiers ont mené précédemment ou non des études de marchés « ethniques » ou autres plans médias pour mieux cibler les minorités ethniques aux Etats-Unis.
Consigne complémentaire : Nous limiterons notre recherche à la population hispanique.
Par confort de travail, nous vous recommandons de vous connecter sur le site tout en suivant les instructions suivantes.
1. Adresse du site : http://www.pmdocs.com
2. Acceptez les termes et les conditions puis cliquez sur la mention « Continue »
3. Cliquez ensuite sur « Search Documents». La partie « Help Tutorials » vous permet d’obtenir des instructions détaillées pour réaliser votre requête.
4. Tapez dans la barre de recherche « Search all fields » votre requête et cliquer sur la mention « Search ». Dans notre cas, nous tapons « Hispanic Consumer Market ».
Vous verrez alors apparaître le résultat sous cette forme :
Search Results : 4 document(s) match your query for « hispanic consumer market »
Résultat : 1 document daté de 1998 correspond à notre requête et nous permet de voir à la lecture que Philip Morris a effectivement ciblé la population hispanique aux Etats-Unis en termes d’opportunités de marché et a établi un plan de communication adapté à cette cible.
Pour obtenir le document, cliquez sur PDF.
Les données qui apparaissent sur le site et, plus précisément les champs qui apparaissent sur la colonne de gauche sont appelés index « 4B » en référence au paragraphe du jugement du Tribunal du Minnesota spécifiant comment les compagnies de tabac devaient présenter leurs documents.
Ces champs ont été complétés par des clercs, greffiers, juristes …qui ont lu chaque document. Ils sont organisés de manière différente selon les sites de l’industrie (cf. Philip Morris, RJ Reynolds..).
Pour afficher l’ensemble des champs, cliquez sur la croix à gauche du titre du document.
Seuls ces champs indexés qui apparaissent sur la fiche sont interrogeables et susceptibles de donner une suite à une requête saisie dans la barre de recherche. Si « hispanic consumer market » apparaît à l’intérieur d’un document mais n’a pas été saisi comme mot clé, alors vous ne pourrez retrouver ce document de cette manière.
Parmi les champs à retenir ensuite :
A. BATES NUMBER : Ce premier champ est le plus important. Chaque page des quelques 36 millions de pages archivées dans des entrepôts et sur le web a reçu un numéro unique. Les numéros sont séquentiels à l’intérieur d’un même document. Chaque copie d’un même document reçoit sa série de numéros d’identification. Le même document copié à d’autres compagnies de tabac a ainsi ses propres numéros. Pour télécharger le document, il vous faut cliquer sur ce numéro : dans notre exemple : 2079127617/7633.
Si un document ne fait qu’une page, il reçoit un seul numéro. S’il comporte plus d’une page, le premier et le dernier numéro sont indiqués : par exemple, 2079127617/7633. On peut de cette manière connaître le nombre de pages d’un document.
Le numéro BATES de la première page constitue en lui même un critère de recherche. En revanche, vous ne pourrez trouver le document si vous tapez le numéro BATES de la deuxième ou des pages suivantes.
Attention, il est important de souligner que chaque compagnie de tabac a des règles de recherche variables parce qu’elles utilisent des logiciels documentaires différents. (Les recherches sur les sites de Philip Morris, du Tobacco Institute et de Lorillard sont globalement similaires avec le logiciel de recherche Alta Vista.) A titre d’exemple, sur le site web de Philip Morris, vous pouvez entrer 2071510448 pour avoir le premier document. Sur le site de RJ Reynolds, il vous faut taper la référence sous la forme d’intervalle, même si le document ne fait qu’une page, soit 517759040-9040, si vous n’entrez que 517759040, vous n’aurez pas de réponse.
B. MASTER ID : Ce second champ présente un grand intérêt. En effet, si vous entrez comme terme de recherche le premier numéro BATES listé (par exemple 2062978892/8915) à partir du premier document, vous allez souvent avoir d’autres documents liés au thème ou au contenu du document principal. Ces autres documents sont fréquemment tout aussi intéressants, voire plus. Le plus souvent, il s’agit de pièces jointes mentionnées dans le premier document mais non indexées d’après le mot clé de la recherche.
Il est également important de noter comment les saisies des index ont été effectuées. Par exemple, le terme « international » a pu être abrégé en « intl », et le terme « institution » en « inst ». Si l’on cherche « institution » dans certains cas, la recherche sera infructueuse selon que l’on aura tapé « institution » ou « inst ». De même, de nombreux sujets sont rentrés sous forme d’acronymes, la première lettre de chaque mot étant utilisée pour fabriquer un nouveau mot de référence, comme First Usual Brand Young Adult Smokers est fréquemment trouvé dans les titres de plan marketing sous le vocable FUBYAS. Les compagnies ont également utilisé des noms de code pour beaucoup de leurs projets et ces noms de code peuvent varier : « Operation Whitecoat », « Whitecoat Operation », « Project Whitecoat » fait référence au recrutement de scientifiques destinés à témoigner dans l’intérêt de l’industrie du tabac pour les sujets concernant le tabac et la santé.
Des erreurs dans la saisie des champs apparaissent aussi, y compris dans l’orthographe des noms. Si vous recherchez un mémorandum et que vous entrez comme terme « memorandum », il faut avoir à l’esprit qu’il existe de nombreuses manières de transcrire ce nom (« memorandum », mamorandum, memo, memeo, mo, moemorandum …), chaque recherche donnant des résultats différents plus ou moins complémentaires. Parmi les « trucs » à retenir pour contourner cette difficulté, la recherche tronquée : à la fin des trois premières lettres du mot, ajouter deux astérisques, soit « mem** ». Attention selon les sites, les règles concernant l’utilisation des astérisques peuvent différer ; reportez vous au service d’aide en ligne, rubrique « help ».
Recommandation : D’une manière générale, prenez le temps de lire les instructions figurant sur chaque site concernant les modalités de recherche. Par exemple, le site de RJ Reynolds fournit une rubrique « index term » qui indique toutes les possibilités d’orthographe d’un terme ou d’un nom si ce terme ou ce nom est listé de cette manière dans des documents.
C. TYPE : Le type de document est utile pour une recherche « directe ». Ce champ mentionne si le document est un mémorandum, une lettre, une note, un rapport, une publication, un article, un plan, un e-mail, un télex, fax, un budget, et beaucoup d’autres types de documents encore avec leurs propres abréviations ;
« invoice » and « pay request » donnent souvent des résultats concernant des chèques annulés réglés à quelqu’un comme un consultant ;
« diary, calendar et datebook » fournissent des programmes de déplacements et de réunions.
Attention, à nouveau, RJ Reynolds a 129 catégories de « Type » qui ne sont pas similaires à celles de Philip Morris.
L’un des types de documents utile est l’organigramme, abrégé en « orch ». Si vous trouvez un salarié de Philip Morris qui a écrit un important mémo et si vous voulez connaître sa fonction ou sa position dans la société, tapez : « (nom de la personne) & orch ».
D. AUTHOR : Si vous saisissez simplement le nom de Hirschhom, scientifique (« hirschhorn ») lors de votre recherche initiale, vous aurez 155 documents référencés, nombre d’entre eux faisant référence à des publications scientifiques dont Hirschhorn est l’auteur.
Si vous voulez retrouver les lettres qu’une personne (p) qui s’appelle Rylander (scientifique financé secrètement par l’industrie du tabac) a pu écrire alors vous allez saisir « pauthor:rylander & letter ».
De même, pour rechercher :
– une personne destinatrice d’une lettre, tapez : precipient 🙁 nom de la personne) & letter ;
– une personne mise en copie sur une lettre, tapez : pcopied : (nom de la personne) & letter ;
– une personne citée dans une lettre, tapez : pmentioned : (nom de la personne) & letter.
E. TITLE et AREA : deux champs parmi les plus utiles pour avoir des informations sur ce que recèle ce document.
F. CHARACTERISTICS : Dans ce champ, on peut trouver les mentions de « marginalia » ou « handwritten » ou encore « confidential » ou « attorney work product » autant de termes qui peuvent aider à la recherche de documents secrets, dépositaires de révélations importantes.
Les annotations en marge des documents sont souvent aussi importantes que les documents eux-mêmes. Les documents qui ne sont pas en anglais sont classés dans ce champ, sous le vocable « fl … » foreign language, soit par exemple : « flge » pour les documents en langue allemande, « flfr » pour les documents en français …
G. DATE POSTED : Ce champ renvoie à la date où ce document a été placé par Philip Morris pour la première fois sur le site internet.
H. LITIGATION USAGE : Ce champ fait référence aux procédures qui ont permis de mettre à jour ce document.