Sels de nicotine : quels risques ?
La nicotine contenue dans les feuilles de tabac peut être extraite sous deux formes : soit en tant que nicotine free-base, soit en tant que sels de nicotine.
La nicotine free-base est une nicotine pure. C’est celle qu’on trouve notamment dans les substituts nicotiniques médicaux (patchs, gommes à mâcher, pastilles…) et dans les e-liquides classiques. La diffusion de cette nicotine free-base dans l’organisme est plus lente que lorsqu’on fume une cigarette ; cette forme de nicotine est donc plus adaptée au sevrage tabagique car elle évite de reproduire un afflux important et rapide de nicotine au niveau du cerveau, qui est source de dépendance et de son maintien.
Les sels de nicotine sont pour leur part plus proches de la nicotine présente dans les feuilles de tabac et dans les cigarettes. Ils sont notamment utilisés par les industriels du tabac et du vapotage dans les cigarettes électroniques jetables (« puff »), dans les cigarettes électroniques munies de pods non rechargeables (modèles de type Vuse ® ou VEEV ®) et dans certains e-liquides (en principe, l’information est mentionnée sur le flacon).
L’ajout d’une base acide (le plus souvent de l’acide benzoïque, mais d’autres acides peuvent aussi être utilisés) à la nicotine pure facilite sa pénétration dans l’organisme, à une vitesse similaire à celle de la nicotine contenue dans le tabac fumé. Ceci a pour effet de rendre la vapeur des cigarettes électroniques moins irritante et plus facile à inhaler, tout en facilitant l’absorption par l’organisme. En réduisant les sensations désagréables associées aux e-liquides, l’utilisation des sels de nicotine par les industriels favorise l’acceptation des cigarettes électroniques, y compris par les non-fumeurs[1].
L’usage des sels de nicotine dans les e-liquides des cigarettes électroniques permet ainsi d’obtenir, à dosage égal, une délivrance de nicotine plus rapide et plus intense qu’avec un e-liquide contenant de la nicotine free-base. Ce pic de nicotine est censé mieux convenir aux fumeurs souhaitant arrêter de fumer en ce qu’il procure une dose plus importante de nicotine, mais il entretient, la dépendance nicotinique aux dépends du sevrage et peut aussi favoriser son installation.
L’utilisation de tous les produits contenant de la nicotine est fortement déconseillée aux sujets naïfs, et ce d’autant plus qu’ils contiennent des sels de nicotine, ce qui est le cas des puffs, car le risque de devenir rapidement dépendant à la nicotine est majeur.
Chez les usagers de cigarettes électroniques, d’autres facteurs influencent la délivrance de nicotine : le ratio propylène glycol/glycérine végétale (PG/GV), les arômes et les types de bouffées absorbées. Le taux de nicotine que s’auto-administre une personne qui vapote dépend ainsi de ces cinq facteurs (ratio PG/GV, quantité de nicotine, arômes, bouffées et forme de nicotine)[2].
[1] Leventhal A, Madden D, Peraza N, Schiff S, Lebovitz L, Whitted L, Barrington-Trimis J, Mason T, Anderson M, Tackett A, Effect of Exposure to e-Cigarettes With Salt vs Free-Base Nicotine on the Appealand Sensory Experience of Vaping, A Randomized Clinical Trial, JAMA Network Open. 2021;4(1):e2032757.
[2] Gholapa V, Kosmiderb L, Golshahic L, Halquist M, Nicotine forms: why and how do they matter in nicotine delivery from electronic cigarettes?, Expert Opin Drug Deliv. 2020 December ; 17(12): 1727–1736.