La cigarette permet-elle de se détendre?
NON. La nicotine a seulement un effet apaisant immédiat sur la sensation désagréable ressentie par le fumeur dès qu’il est en manque ; parallèlement, elle augmente le niveau de stress et d’anxiété des fumeurs.
La nicotine contenue dans le tabac est une substance psychoactive, c’est-à-dire qui agit sur le cerveau. Lorsqu’on inhale la fumée d’une cigarette, la nicotine passe dans le sang, qui la transporte en quelques secondes au niveau du cerveau, où elle provoque un effet quasi-immédiat en se fixant sur les récepteurs nicotiniques ; elle y induit la dépendance et active le système de récompense avec libération de dopamine, sérotonine et noradrénaline, avec sensation brève de plaisir, détente, légère stimulation intellectuelle et sensation de coupe-faim.
Très rapidement (quelques jours/semaines) la consommation de nicotine induit une dépendance/toxicomanie puissante (supérieure à celle de l’héroïne). Comme la nicotine est rapidement dégradée dans l’organisme des fumeurs (une à deux heures) [1], ceux-ci doivent consommer environ toutes les heures au cours de la journée pour éviter les sensations pénibles liées au manque de leur drogue. Ces sensations de manques s’apparentent à des épisodes de sevrage répétés.
De ce fait, immédiate et passagère, la détente ressentie par les fumeurs suite à l’inhalation de nicotine est liée principalement au simple soulagement du manque de nicotine, sans ressenti hédonique.
Parallèlement, au même titre que pour les autres substances psychoactives, l’usage régulier de tabac modifie profondément le fonctionnement du cerveau. En particulier, la consommation de nicotine augmente le niveau d’anxiété, de stress, voire de dépression des fumeurs. La majorité des fumeurs ne fume pas parce qu’ils sont stressés, mais sont stressés parce qu’ils fument.
Les traitements nicotiniques de substitution permettent d’apaiser le manque physique de nicotine grâce à une admission contrôlée, moins rapide et sans danger.
En savoir plus sur les effets du tabac sur la santé
[1] Gillet C. Clinique de la dépendance tabagique. In Lejoyeux M. Addictologie. Paris, Elsevier-Masson, 2017, p. 153-166.