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Tabac : des risques spécifiques sur l’appareil respiratoire

Tabac : des risques spécifiques sur l’appareil respiratoire

Les fumeurs ne doivent pas négliger une modification de leur voix, car elle peut correspondre à une maladie respiratoire sévère.

La consommation d’oxygène présent dans l’air est indispensable à la survie des êtres humains. La respiration apporte cet oxygène au niveau des poumons où il passe dans le sang. Pour arriver aux poumons, l’air passe par le nez et la bouche puis la gorge, la trachée et les bronches.

Le fumeur respire un air chargé de produits toxiques qui vont agresser les cellules qui tapissent les parois de ces organes. Cette agression directe de l’appareil respiratoire explique la survenue chez les fumeurs de maladies infectieuses, inflammatoires, allergiques et cancéreuses.

Maladies infectieuses : les fumeurs font plus fréquemment des otites, sinusites, angines, bronchites, grippes et pneumonies ; ce risque est d’autant plus important que leur consommation est importante.

– Maladies inflammatoires : il s’agit essentiellement des broncho-pneumopathies chroniques obstructives (BPCO), qui correspondent à la bronchite chronique et à l’emphysème ; ces maladies sont dues à la destruction progressive des poumons et des bronches par la fumée de cigarette et conduisent progressivement à l’insuffisance respiratoire.

Maladies allergiques : la maladie asthmatique est plus fréquente et plus grave chez les fumeurs; il en est de même du rhume des foins.

Maladies cancéreuses : la fumée de cigarette provoque des cancers des lèvres, de la langue, de la bouche, de la gorge, des cordes vocales, de la trachée, des bronches et des poumons. Le risque est fonction de la quantité de tabac fumé et surtout augmente très rapidement en fonction du nombre d’années de tabagisme. Ces cancers qui étaient l’apanage de l’homme il y a une vingtaine d’années sont de plus en plus fréquents chez les femmes qui ont commencé à fumer dans les années 70/80.

 

Au total, en France tous les ans, 8 500 personnes meurent de cancers de la bouche, du pharynx, du larynx et de l’œsophage[1], plus de 33 000 décèdent d’un cancer du poumon[2] et plus de 17 000 de BPCO[3].

Toutes ces maladies, mortelles ou non, se traduisent par des signes cliniques qui doivent alerter immédiatement les fumeurs, tels qu’une toux persistante, une hémoptysie (crachement de sang) quelle que soit son importance, un essoufflement anormal, et une modification de la voix. En effet, toute modification persistante de la voix doit conduire le fumeur à consulter son médecin, ce signe pouvant traduire l’existence d’une maladie grave.

Prises à temps, la plupart de ces maladies peuvent être contrôlées même si certaines imposent un recours à des traitements agressifs, tels que : chirurgie, radiothérapie et/ou chimiothérapie.

 

MALADIES ALLERGIQUES

 

Asthme

L’asthme est une maladie chronique caractérisée par une inflammation des bronches. Elle se manifeste le plus souvent par des crises de gêne respiratoire entrecoupées de périodes où la respiration est normale. L’asthme est la première maladie chronique de l’enfant et provoque encore 850 décès par an[4].

Les causes de l’asthme sont génétiques et/ou environnementales. Les crises résultent d’une réaction anormale des voies aériennes à des facteurs environnementaux (pollens, animaux, …) ou autres tels que : la fumée du tabac, air froid et sec, …

L’asthme non traité perturbe le quotidien des patients ; lorsque les crises sont fréquentes et sévères, la maladie peut mettre en cause le pronostic vital. Au cours de la crise, le malade ressent une difficulté à respirer (un essoufflement), la respiration devient sifflante, avec une sensation d’oppression thoracique et une toux sèche.

Les traitements ont pour objet d’améliorer le calibre des bronches et de réduire l’inflammation ; ils sont souvent pris par inhalation.

Le tabagisme actif et l’exposition à la fumée secondaire sont des facteurs de survenue d’une maladie asthmatique et aggravent les symptômes. Enfin, l’efficacité des traitements est diminuée par l’exposition à la fumée de tabac.

Crédit : Passeport Santé

 

MALADIES CANCÉREUSES

 

Cancers de la bouche

Les cancers peuvent se déclarer au niveau des lèvres, de la langue, du plancher buccal, des gencives, des joues ou du palais. L’exposition aux substances cancérigènes amène une cellule normale à devenir cancéreuse puis à se multiplier et envahir progressivement ces organes de la bouche.

Le diagnostic est souvent tardif car les symptômes sont discrets et non douloureux au début : douleur anormale dans la bouche, ulcères ou « aphtes » avec un aspect rouge ou blanc, un aspect bourgeonnant, nécrosé ou durci. Ces lésions peuvent provoquer des saignements dans la bouche. La mastication devient difficile et les ganglions du cou peuvent gonfler.

Les cancers de la bouche sont traités par chirurgie, chimiothérapie et/ou radiothérapie. Si le taux de survie des cancers de la lèvre est de 90 % à 5 ans après le diagnostic de la maladie, celui de la cavité buccale est plus faible : moins de 40 % à 5 ans[5]. Ils représentent plus de 40% des cancers lèvre-bouche-pharynx (LBP)[6].

Fumer, chiquer et priser du tabac sont des facteurs de risque de développer un cancer de la bouche. Les cancers de la bouche sont six fois plus fréquents parmi les fumeurs ou ex-fumeurs que parmi les non-fumeurs[7].

La consommation d’alcool est aussi un facteur de risque de cancer de la bouche. Ne pas fumer et arrêter de boire sont des bons moyens de ne pas présenter un tel cancer.

 

Cancers des lèvres

Les lèvres sont les parties charnues qui bordent la bouche et couvrent les dents. Elles ont un rôle important dans la prononciation, l’expression faciale et l’alimentation. Les lèvres sont composées de la lèvre blanche cutanée et de la lèvre rouge formée par le vermillon et la muqueuse labiale qui fait partie de la cavité buccale.

Le cancer des lèvres se présente, dans un premier temps, sous forme d’une « croûte » ou d’un ulcère qui saigne, il grossit ensuite pour constituer une tumeur.

Le cancer des lèvres est traité principalement par chirurgie et/ou « curiethérapie », qui consiste à implanter dans la tumeur, sous anesthésie locale, des aiguilles ou des fils radioactifs d’iridium.

Cancers de la langue 

La langue est l’organe principal responsable du goût. Elle joue aussi un rôle important dans la mastication des aliments, la déglutition et la parole.

Le cancer de la langue atteint, le plus souvent, sa partie arrière.

Les symptômes évocateurs d’un cancer de la langue sont : une douleur, une difficulté à avaler, une toux avec rejet de sang, une modification de la voix, une mauvaise haleine, des ulcères qui ne guérissent pas avec des saignements, une douleur à l’oreille, ou une perte de poids.

Cancer du pharynx

Le pharynx est une partie du tube digestif située à l’arrière de la cavité buccale ; elle correspond au carrefour des voies digestives et respiratoires. À ce point de croisement, la cavité buccale communique avec l’œsophage, et les fosses nasales avec le larynx.

Les symptômes du cancer du pharynx sont :

–    une gêne ou une douleur d’un côté de la gorge ;

–    la sensation d’avoir un corps étranger dans la gorge ;

–    une douleur à l’oreille ;

–    une difficulté à avaler ;

–    une sensation de brûlure d’un côté de la gorge ;

–    une voix enrouée ;

–    une boule dans le cou.

Le cancer du pharynx est traité par chirurgie, radiothérapie et/ou par chimiothérapie.

La fumée de tabac est la première cause de survenue du cancer du pharynx avec la consommation d’alcool car les substances toxiques qu’elle contient altèrent directement la muqueuse du pharynx et provoquent l’apparition de cellules cancéreuses. Le tabac multiplie de 4 à 5 fois le risque de survenue d’un cancer du pharynx[8].

 

Cancer du larynx

Le larynx est situé au-dessus de la trachée ; il sert de passage entre le nez et les bronches. Il permet aux êtres humains de produire sons et parole.

Le cancer du larynx peut se situer au niveau de la glotte/cordes vocales, dans la région supra-glottique (la partie au-dessus des cordes vocales qui comprend l’épiglotte) ou la région sous-glottique (la partie où le larynx rejoint la trachée).

Les symptômes du cancer du larynx sont : une modification de la voix, enrouée, des difficultés et des douleurs en avalant, une toux, des maux de gorge persistants, des crachats de sang et une douleur au niveau de l’oreille.

Le cancer du larynx est souvent traité par chirurgie, il nécessite une rééducation spécialisée pour réapprendre à parler. Ce cancer peut aussi être traité par radiothérapie et/ou par chimiothérapie.

La fumée de tabac est la première cause de survenue du cancer du larynx car les substances toxiques qu’elle contient altèrent directement la muqueuse du larynx et provoquent l’apparition de cellules cancéreuses. Le tabac multiplie par 10 le risque de survenue d’un cancer du larynx[9] et près d’une personne sur deux atteintes par cette maladie en meurt[10]. Le risque s’accroît avec le nombre de cigarettes fumées. La fumée secondaire est également considérée comme un facteur de risque de cancer du larynx.

 

 

Cancer de la trachée, des bronches et du poumon

Les poumons sont situés dans le thorax, sous les côtes. Le poumon droit est composé de 3 lobes, et le gauche de 2 lobes. Ils fournissent l’oxygène à l’ensemble de l’organisme et permettent l’élimination du gaz carbonique contenu dans le sang.

L’exposition aux substances cancérigènes présentes dans la fumée de tabac amène la transformation d’une cellule bronchique normale en une cellule cancéreuse qui, en se divisant, produit une tumeur qui se développe dans le thorax et peut donner des métastases à distance.

Les principaux signes cliniques qui peuvent annoncer l’existence d’un cancer du poumon sont :

–    le rejet de sang au cours de la toux (hémoptysie) ;

–    une toux qui s’aggrave et persiste ;

–    des bronchites et pneumonies fréquentes ;

–    une douleur thoracique ;

–    une modification de la voix ;

–    un amaigrissement.

 

appareil-respiratoire

 

Seules 15 % des personnes atteintes d’un cancer du poumon survivent 5 ans après son diagnostic. Le traitement fait appel à la chirurgie, la chimiothérapie, et/ou la radiothérapie[11].

Fumer du tabac multiplie par 15 à 30 fois le risque de la survenue de cette maladie et est responsable de 80 à 90% des cas de cancers du poumon[12]. Le risque dépend de l’âge auquel on a commencé à fumer, de la quantité de cigarettes consommées par jour et surtout du nombre d’années de tabagisme. L’exposition à la fumée secondaire est le principal facteur de risque de cancer du poumon chez les non-fumeurs.


[1] Defossez G, Le Guyader‑Peyrou S, Uhry Z, Grosclaude P, Colonna M, Dantony E, et al. Estimations nationales de l’incidence et de la mortalité par cancer en France métropolitaine entre 1990 et 2018. Volume 1 – Tumeurs solides. Saint‑Maurice (Fra) : Santé publique France, 2019. 372 p.

[2] Cancers, Santé Publique France, 16 avril 2021, consulté le 22 avril 2021

[3] Bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), Une toux chronique et un essoufflement à ne pas négliger, Inserm, dernière mise à jour le 19 juin 2020, consulté le 22 avril 2021

[4] Asthme, Santé Publique France, Dernière mise à jour le 5 octobre 2020, consulté le 22 avril 2021

[5] Survie des personnes atteintes de cancer : nouvelles estimations pour la période 1989-2018 en France métropolitaine, Santé Publique France, 7 janvier 2021, consulté le 22 avril 2021

[6] Defossez G, Le Guyader‑Peyrou S, Uhry Z, Grosclaude P, Colonna M, Dantony E, et al. Estimations nationales de l’incidence et de la mortalité par cancer en France métropolitaine entre 1990 et 2018. Volume 1 – Tumeurs solides. Saint‑Maurice (Fra) : Santé publique France, 2019. 372 p.

[7] Cancer de la cavité buccale (orale), Cancer Environnement, mis à jour le 8 février 2021, consulté le 22 avril 2021

[8] Tabac et cancer, Fondation ARC pour la recherche sur le cancer, 2014, consulté le 23 avril 2021

[9] Tabac et cancer, Fondation ARC pour la recherche sur le cancer, 2014, consulté le 23 avril 2021

[10] Les cancers en France, édition 2017, collection Les Données, Institut national du cancer, avril 2018. Conception : Institut national du cancer réalisation : Desk Pour plus d’informations : lesdonnees.e-cancer.fr ISBNnet :978-2-37219-381-8

[11] Defossez G, Le Guyader‑Peyrou S, Uhry Z, Grosclaude P, Colonna M, Dantony E, et al. Estimations nationales de l’incidence et de la mortalité par cancer en France métropolitaine entre 1990 et 2018. Volume 1 – Tumeurs solides. Saint‑Maurice (Fra) : Santé publique France, 2019. 372 p.

[12] Selon un nouveau rapport de l’OMS, 90 % des cancers du poumon peuvent être évités en éliminant le tabagisme, Organisation Mondiale de la Santé, 29 mai 2019, consulté le 22 avril 2021

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