Petit décryptage d’une rencontre soi-disant consacrée à la protection industrielle
Aujourd’hui s’est tenue à la Maison de la Chimie une rencontre organisée par l’agence Rivington et l’association UNIFAB, consacrée, d’après le programme, à la protection de la propriété intellectuelle et à la lutte contre la contrefaçon.
A cette occasion Ministres, parlementaires ont été invités.
Mais de quoi s’agit-il réellement ?
Ni plus ni moins d’une opération de lobbying orchestrée par les fabricants de tabac, membres actifs d’UNIFAB, clients de l’agence de lobbying Rivington.
L’objectif de cette journée est de contrer deux mesures majeures de santé publique actuellement en discussion au Parlement.
Comme le montre ce premier extrait du programme :
La première concerne l’instauration des paquets neutres pour les produits du tabac. Derrière le vocable de l’emballage neutre, ce sont bien ces paquets qui sont visés. L’industrie du tabac et la confédération des buralistes financée par ceux-ci ne cessent d’affirmer qu’ils vont provoquer une explosion de la contrefaçon. Cette réalité n’a pas du tout été vérifiée en Australie où selon même les données des fabricants on registre une baisse de la contrefaçon depuis la mise sur le marché des paquets neutres. Mais peu importe, l’objectif est de faire peur. Et cela a fonctionné au Sénat. Le sénateur socialiste, Richard Yung, président du CNAC, comité national anti-contrefaçon, s’est fait le chantre de la propriété intellectuelle sans mentionner les liens qui unissent ce comité aux industriels du tabac.
Le deuxième sujet est celui de la lutte contre le commerce illicite des produits du tabac. La semaine passée, les députés ont ratifié le protocole de l’OMS de lutte contre le commerce illicite des produits du tabac qui prévoit notamment l’instauration d’un dispositif de suivi et de traçabilité de ces produits : de la fabrication jusqu’à la vente au détail. Ce dispositif doit être indépendant directement et indirectement des fabricants de tabac, selon le principe de base que le contrôlé ne doit pas être le contrôleur et compte tenu du fait que les fabricants ont été et sont encore impliqués dans l’organisation de trafics de contrebande.
Ce protocole n’arrange pas les fabricants qui se sont entendus et cherchent à imposer leur propre système dans lequel ils sont à l’origine des codes émis sur les paquets.
Dans un tel contexte, il est important de faire passer les messages par d’autres et de donner l’illusion que l’on est soutenu, par d’autres industriels, et au niveau des institutions.
Il est vrai que les ministres invités et les parlementaires se seraient probablement d’emblée abstenus de se rendre à une telle rencontre si les fabricants de tabac les avaient invités directement.