L’industrie du tabac : des pressions et une influence permanente à l’encontre des mesures de santé publique
L’influence de l’industrie du tabac pour mettre à mal les mesures de contrôle du tabac, en interférant à tous les niveaux de décision, est largement documentée et incontestable.
Cette influence n’est nullement révolue, compte tenu notamment de la puissance dont bénéficie cette industrie, dotée de moyens financiers plus puissants que ceux de nombreux Etats.
L’industrie du tabac intervient en fait à tous les niveaux, notamment auprès des autorités pour contrer l’adoption de nouvelles mesures, voire remettre en question les mesures existantes. Elle se place ainsi comme un véritable interlocuteur des responsables politiques, auprès desquels elle bénéficie d’une image crédible.
La France n’est pas épargnée par ces pratiques tous azimuts comme le montre le graphique ci-dessous.
Les conséquences de ces pratiques sont multiples. Concrètement elles conduisent à ce qu’il n’y ait eu aucune volonté politique ferme et continue depuis des années dans le domaine de la lutte contre le tabagisme. Les mesures adoptées, comme l’apposition d’images sur les paquets, les hausses des taxes sont appliquées à reculons sans aucune mesure d’accompagnement et sans véritable objectif de réduction de la consommation de tabac. Il en est de même de l’aide à l’arrêt des fumeurs : alors même que la dépendance tabagique est considérée comme une pathologie, les traitements de l’aide à l’arrêt ne sont que très partiellement remboursés.
En dépit de l’ensemble des coûts sanitaires et financiers qu’occasionne le tabagisme dans notre pays, l’industrie du tabac et ses alliés parviennent encore aujourd’hui à bloquer toute politique de santé publique digne de ce nom.
Comment se préserver de cette ingérence?
L’Organisation mondiale de la Santé demande à l’ensemble des pays qui ont ratifié le traité international, la Convention Cadre de Lutte-Anti-Tabac, de se préserver des agissements de cette industrie dans la définition et la mise en œuvre de leurs politiques publiques.
Son article 5.3 stipule que :
« En définissant et en appliquant leurs politiques de santé publique, en matière de lutte antitabac, les Parties veillent à ce que ces politiques ne soient pas influencées par les intérêts commerciaux et autres de l’industrie du tabac. »
Les Etats signataires, y compris la France, ont également adopté des modalités pratiques pour appliquer cette disposition :
- Faire connaître les pratiques d’ingérence de l’industrie du tabac ;
- Adopter des mesures pour limiter les interactions avec l’industrie du tabac et garantir la transparence de celles qui ont lieu ;
- Rejeter les partenariats et les accords non contraignants ou sans force exécutoire avec l’industrie du tabac ;
- Eviter les conflits d’intérêts chez les responsables officiels ou les employés de l’Etat ;
- Exiger la transparence et l’exactitude des informations fournies par l’industrie du tabac ;
- Interdire les pratiques d’ « entreprises socialement responsables » utilisées à des fins de respectabilité par les fabricants ;
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Ne pas accorder de traitement préférentiel à cette industrie.