Etude KPMG, intox de première de Philip Morris et consorts
Les fabricants de tabac viennent de sortir une nouvelle étude, sous l’étiquette plus honorable de KPMG. Objectif : entretenir l’idée d’un commerce illicite majeur avec des chiffres sans cesse en hausse et faire oublier son implication passée et présente dans les trafics. La période est sensible pour les cigarettiers qui font pression pour empêcher l’application du protocole de l’OMS de lutte contre le commerce illicite des produits du tabac. Ce dernier comporte notamment un dispositif de suivi et de traçabilité des produits, indépendant des fabricants, susceptible de le confondre dans ses pratiques de contrebande.
Paris, le 8 juin 2016 – Annoncé avec grand renfort d’opérations de com’, les cigarettiers Philip Morris, British American Tobacco, Imperial Tobacco et Japan Tobacco International viennent à nouveau de présenter des chiffres tous azimuts, toujours plus alarmistes, autour du « marché parallèle/illicite » du tabac, sous le nom de KPMG, le cabinet qu’ils financent.
Sous des chiffres annoncés sur la base d’une méthodologie toujours aussi opaque ou fantaisiste, l’objectif est clairement de faire peur et d’influencer la décision politique.
La thématique du commerce illicite constitue le nouveau cheval de Troie du lobby pro-tabac pour s’imposer dans le débat de la lutte contre le tabagisme. En exploitant la peur du « marché parallèle », les cigarettiers et la confédération des buralistes persuadent les élus que des mesures comme les hausses de taxes sur le tabac ou le paquet neutre sont inefficaces, voire dangereuses (voir « Paquet neutre : les buralistes et les antisèches de l’industrie » ou comment le lobby du tabac finance des études qui servent de base à l’argumentaire des buralistes français). Les fabricants de tabac « oublient » de mentionner dans sa communication qu’elle tire profit des ventes qu’elles soient légales comme illégales. Et que leur implication dans le commerce illicite, que ce soit par la contrebande ou la fabrication illégale est largement documentée et démontrée (voir notre dossier « L’industrie du tabac : victime ou bénéficiaire de la contrebande ? »).
L’étude KPMG apparaît également opportune pour l’industrie du tabac, notamment Philip Morris, sur le plan européen. Selon le Pr Yves Martinet, président du Comité national contre le tabagisme, « le fabricant essaie de se redorer une image à un moment très sensible où il fait littéralement le forcing, contre la volonté des représentants des différents pays de l’Union européenne pour renégocier un accord avec la Commission européenne ». L’évaluation de cet accord est désastreuse à tous égards mais un tel accord permettrait de retarder le processus d’application du protocole de lutte contre le commerce illicite des produits du tabac dont ne veulent surtout pas entendre parler les cigarettiers. Et pour cause. Ce texte impose un système de suivi et de traçabilité des produits très strict et rigoureusement indépendant des fabricants de tabac.
Cependant l’application de ce protocole recueille les suffrages de tous ceux qui sont réellement soucieux de lutter contre les trafics. Adopté à l’unanimité à l’assemblée nationale comme au sénat en France et également adopté de manière massive par le Parlement européen, il importe que ce texte soit mis en œuvre et le plus tôt sera le mieux.
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