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Le fléau du tabagisme féminin, conséquence des stratégies publicitaires des industriels du tabac

Le fléau du tabagisme féminin, conséquence des stratégies publicitaires des industriels du tabac

À la veille de l’ouverture de Mois Sans tabac, l’agence Santé publique France alerte sur l’importance du tabagisme féminin et de ses conséquences : les  décès attribuables au tabac chez les femmes ont doublé entre 2000 et 2014, et  les nouveaux cas de cancer du poumon et maladies cardio-vasculaires explosent. La situation est préoccupante et le tabagisme ne cesse de prendre de l’ampleur chez les femmes, et ce depuis une cinquantaine d’années. Le nombre de décès liés à l’usage du tabac chez les femmes a été multiplié par 7, passant de 2 700 en 1980 (1% de tous les décès) à 19 000 en 2010 (7% de tous les décès)[1]. 

La consommation de tabac a récemment diminué pour l’ensemble de la population française sauf chez les femmes âgées de 45 à 64 ans. Cette génération est la plus touchée par l’envol de la mortalité du tabagisme. Cette situation est la conséquence directe de l’évolution de la consommation de tabac chez les femmes au cours de ces dernières décennies. Actuellement près d’une femme sur 4 fument parmi les femmes âgées de 18 à 75 ans. Cette prévalence est de 30,8% chez les 45-64 ans[2]. Ces dernières sont touchées de plein fouet par des maladies que nombreux pensaient à tort « réservées » aux hommes comme le cancer du poumon, l’infarctus du myocarde ou encore la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO).

Le cancer du poumon grimpe en flèche chez les femmes et sera bientôt le cancer féminin le plus meurtrier, devant celui du sein. Ainsi entre 2000 et 2014, La mortalité par cancer du poumon a augmenté de 71% chez les femmes de 55 à 64 ans alors qu’elle a diminué de 15% chez les hommes. L’incidence des infarctus du myocarde avant 65 ans a augmenté de 50% chez les femmes (16% chez les hommes).

Cette évolution de la consommation de tabac historique et actuelle est le résultat direct des stratégies ciblées des industriels du tabac depuis près d’un siècle. Cette stratégie s’est intensifiée à la fin des années 1960 lorsque Philip Morris a lancé la première marque destinée aux femmes, Virginia Slim, avec sa séduisante campagne publicitaire «You’ve Come a long way baby». Ces campagnes publicitaires ont cyniquement assimilé le tabagisme à l’indépendance, la minceur, au raffinement et à la beauté, et ont donné aux femmes un sentiment d’égalité, d’exclusivité et de libération. Ces campagnes visaient à tirer parti de l’impact du mouvement de libération des femmes sur le rôle et l’image des femmes en Amérique et par la suite dans le monde. Alors que les préoccupations des femmes concernant les risques du tabac pour la santé se développaient, les compagnies de tabac ont commencé dans les années 1970 à promouvoir les cigarettes «à faible teneur en goudron» ou «légères» auprès des femmes en tant qu’option «plus douce», voire «plus sûre». Et c’est sans surprise que l’augmentation du tabagisme féminin s’est traduite par une augmentation de la morbi-mortalité liée au tabac.

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La prise en charge des fumeurs et fumeuses vers l’arrêt et la dénormalisation du tabac dans l’ensemble de notre société sont donc primordiales.  Il est important de sensibiliser les femmes à l’ensemble des risques associés à la consommation de tabac et aux risques spécifiques qu’elles encourent. Une femme fumeuse qui souhaite par exemple une contraception orale doit absolument se voir proposer une aide à l’arrêt de même qu’une femme enceinte devrait systématiquement être prise en charge ainsi que son compagnon, pour elle et pour la santé du bébé à venir.

Cette troisième édition de Mois sans tabac, qui compte à ce jour 203 869 participants (45 000 de plus qu’en 2017)  constitue l’occasion pour soutenir l’ensemble des fumeurs, notamment les femmes fumeuses, engagés dans cette démarche de l’arrêt.

 


[1] Laureen Ribassin-Majed, Catherine Hill; Trends in tobacco-attributable mortality in France, European Journal of Public Health, Volume 25, Issue 5, 1 October 2015, Pages 824–828, https://doi.org/10.1093/eurpub/ckv078
[2] Valérie Olié et coll. Évolutions de la morbidité et de la mortalité liées au tabagisme chez les femmes en France métropolitaine : une situation préoccupante  Santé publique France, Saint-Maurice, France http://invs.santepubliquefrance.fr/beh/2018/35-36/2018_35-36_1.html

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