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vendredi 4 juin 2021
L’industrie du tabac prétend agir en faveur de l’environnement pour faire la promotion de ses nouveaux produits

L’industrie du tabac prétend agir en faveur de l’environnement pour faire la promotion de ses nouveaux produits

Aujourd’hui, les grandes compagnies de tabac annoncent aujourd’hui avoir mis en place des programmes de réduction de leurs émissions de CO et elles reconnaissent officiellement la portée défavorable que le changement climatique pourrait avoir sur leurs chiffres d’affaires et sur l’environnement. Pour autant, selon une étude de 2018, le tabac reste responsable de l’émission de 84 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère, contribuant à environ 0,2% du total soit autant qu’un pays comme le Pérou ou Israël[1]. En mars 2021, British American Tobacco (BAT) a lancé une campagne dont l’objectif est de promouvoir ses réalisations en matière d’environnement, de gouvernance et RSE. Cette campagne s’inscrit dans le cadre d’une politique d’image et de promotion de ses nouveaux produits associés à « Un avenir meilleur »[2].

Dans le cadre de la loi pour une Economie Circulaire et contre le gaspillage, l’Assemblée nationale avait voté, fin 2019[3], l’instauration de filières REP (Responsabilité Elargie du Producteur). Cette disposition, qui exige de l’industrie du tabac de participer, y compris financièrement, à la réduction des déchets, est vue par les cigarettiers comme une opportunité de communication[4]. British American Tobacco (BAT), la Seita, Philip Morris et Japan Tobacco, ont ainsi créé le collectif Mission Mégots, officiellement destiné à mener des campagnes de sensibilisation, de financement d’actions ponctuelles de collectivités locales (nettoyage de plages, distribution de cendriers portables), voire une aide au nettoiement de la voirie. Le collectif explicite davantage sa démarche, en faisant de l’industrie du tabac « une filière engagée qui place la concertation au cœur de sa démarche ». En particulier, le collectif annonce vouloir préparer d’« éventuels partenariats nationaux et locaux». Cette opération témoigne de la capacité de l’industrie du tabac à faire de chaque obstacle une opportunité de communication : alors que le principe du pollueur-payeur vise simplement à faire participer les compagnies à prendre en charge une partie des dégâts que leur activité occasionne, l’industrie du tabac, une des plus polluantes au monde, cherche à passer, aux yeux de l’opinion publique, pour une filière responsable, légitime pour participer à l’élaboration de politiques publiques.

Les 7 et 8 septembre 2020 s’est tenu au Palais des Congrès à Paris le Salon Produrable, organisé en partenariat avec le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire. Le cigarettier Philip Morris, leader mondial de la cigarette, était présent pour faire la promotion de son « avenir sans fumée ».


[1] Zafeiridou M, Hopkinson NS, Voulvoulis N. Cigarette smoking: an assessment of tobacco’s global environmental footprint across its entire supply chain, and policy strategies to reduce it. Geneva: World Health Organization; 2018

[2] Génération Sans Tabac, « Durabilité » : le nouvel argument marketing de BAT, 12 mars 2021, consulté le 11 mai 2021

[3] Mégots : la Mission Mégots se prépare à la mise en place de l’éco-organisme, Le Monde du Tabac, 3 août 2020, consulté le 11 mai 2021

[4] Génération Sans Tabac, Mégots et environnement : une opportunité de communication pour les cigarettiers, 25 août 2020, consulté le 11 mai 2021

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