La culture du tabac est liée à une consommation élevée de pesticides
Plutôt que de favoriser la rotation des cultures, nécessaire à la préservation des sols, l’industrie du tabac, peu soucieuse des dégâts environnementaux qu’elle génère, préfère consacrer des millions d’hectares à la monoculture de la feuille de tabac. L’absence de rotation dans l’agriculture favorise l’appauvrissement des sols en nutriments, et donc la fragilisation de la plante de tabac, qui rend cette dernière sujette aux parasites et à la contraction de différentes maladies[1].
Le recours aux produits chimiques est ainsi inévitable, à l’instar des insecticides, des herbicides, des fongicides, des fumigeants, ou encore des régulateurs de croissance (agents de maturation ou inhibiteurs de croissance)[2]. Les quantités utilisées sont loin d’être anecdotiques : le tabac est la sixième industrie agricole la plus consommatrice en pesticides par surface cultivée, avec 185 000 tonnes de pesticides déversées tous les ans[3]–[4].
Parmi les pesticides les plus fréquemment utilisés, on note l’aldicarb et le chlorpyrifos, qui sont deux insecticides hautement toxiques. De même le bromure de méthyle, un composé chimique portant fortement atteinte à la couche d’ozone, est également très répandu pour fumiger les sols avant la plantation des semences de tabac.
Les effets de l’usage de ces produits toxiques ne sont pas évalués et surveillés en tant que tels, mais l’on sait que ces produits traversent les sols et infiltrent les nappes phréatiques, les rivières et se retrouvent présents dans les chaînes alimentaires. Si une grande partie de ces produits sont interdits en France, 90% des feuilles de tabac sont cultivées dans les pays en voie de développement, dont les cadres législatifs moins protecteurs permettent la perpétuation de ces pratiques[5].
Ces substances peuvent également indirectement conduire à l’apparition d’une sélection génétique de moustiques et de mouches résistants aux pesticides contribuant par là même à aggraver la lutte contre certaines maladies telles le paludisme.
La maladie du tabac vert
En plus des risques sanitaires posés par l’utilisation des pesticides, les tabaculteurs sont susceptibles de contracter la maladie du tabac vert[6]. Dans la culture du tabac, cette maladie est due à l’absorption par la peau de grandes quantités de nicotine lors de la manipulation de feuilles de tabac humides. Les enfants ouvriers dans les pays pauvres, en raison de leur plus faible corpulence, sont particulièrement sensibles à cette intoxication qui provoque étourdissements, malaises, vomissements, maux de crâne et faiblesse musculaire.
[1] Génération Sans Tabac, Pesticides, engrais et pollution des sols : l’impact environnemental de la culture du tabac, 17 février 2020, consulté le 11 mai 2021
[2] McDaniel, Patricia A et al. “The tobacco industry and pesticide regulations: case studies from tobacco industry archives.” Environmental health perspectives vol. 113,12 (2005): 1659-65. doi:10.1289/ehp.7452
[3] Potent pesticides nused on tobacco, CBS News, Avril 2003. https://www.cbsnews.com/news/potent-pesticides-used-on-tobacco/
[4] Fumer tue … l’environnement : l’impact environnemental du tabac », E-RSE, 31 mai 2016, https://e-rse.net/impact-environnementa-cigarette-tabac-20211/#gs.vpyph9
[5] Culture du tabac : les impacts sociaux-économiques et environnementaux », Stop-Tabac, Février 2012, https://www.stop-tabac.ch/fr/la-culture-du-tabac
[6] Green Tobacco Sickness, Centers for disease Control and Prevention