La réduction de la production de nourritures vivrières et l’appauvrissement des pays producteurs
La culture du tabac induit une réduction des surfaces agraires dédiées aux produits agricoles d’alimentation. On évalue que l’affectation de terres, actuellement utilisées pour les cultures du tabac, à des cultures vivrières permettrait de nourrir de 10 à 20 millions de personnes[1]. Pour les pays producteurs de tabac, une analyse coût/bénéfice de la culture du tabac a montré que le gain à court terme en faveur du tabac disparaît avec les coûts induits sur le moyen et long terme (coûts sanitaires, environnementaux, économiques et sociaux). Les terres arables utilisées pour cultiver le tabac pourraient produire des cultures vivrières telles que les pommes de terre, les tomates, le maïs ou le blé – toutes identifiées comme des alternatives potentiellement viables dans un certain nombre de pays producteurs de tabac.
Par exemple, un hectare de terre au Brésil et en Inde pourrait produire plus de 3 tonnes de blé contre moins de 2 tonnes de tabac. En Chine et aux États-Unis, le rendement des tomates est respectivement 25 et 41 fois supérieur à celui du tabac, et en Indonésie et au Zimbabwe, un hectare de terre pourrait produire 19 fois plus de pommes de terre que les 1 à 1,2 tonne de tabac actuellement cultivées[2].
Le traité de la CCLAT (articles 17 et 18) se caractérise par la nécessité pour les pays de trouver des solutions de remplacement économiquement viables à la culture du tabac.
En effet, de nombreux pays comme le Brésil ou le Kenya (voir notre actualité) ont démontré l’existence de plusieurs alternatives rentables et durables à la culture du tabac, rendant l’agriculture plus compétitive et plus productive tout en promouvant parallèlement l’utilisation durable des ressources naturelles.
[1] Barry M, The influence of the US Tobacco industry on the health economy and environment of developing countries. New England J Medicine, 1991, 324 : 917-9
[2] Zafeiridou M, Hopkinson NS, Voulvoulis N. Cigarette smoking: an assessment of tobacco’s global environmental footprint across its entire supply chain, and policy strategies to reduce it. Geneva: World Health Organization; 2018