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Les actions de « solidarité » de l’industrie du tabac

Les actions de « solidarité » de l’industrie du tabac

Outre le mécénat culturel, Japan Tobacco International (JTI) s’implique également auprès de structures philanthropiques. 

La lutte contre la pauvreté et la mise en place de programmes d’alphabétisation

JTI a été mécène d’Emmaüs (en 2008, 2009, 2010) et s’engage notamment dans des programmes d’alphabétisation auprès de l’association.
On peut ainsi lire sur le rapport d’activité du fabricant : « JTI est engagé dans la promotion de l’alphabétisation des adultes en France et soutient Emmaüs, association qui lutte contre les causes d’exclusion auprès des personnes en situation de précarité. Depuis 2004, JTI France aide les centres d’alphabétisation d’Emmaüs pour développer de nouveaux programmes pour les adultes illéttrés, les aidant à devenir des citoyens plus indépendants au travers de programmes d’études, et des ateliers artistiques et culturels. »
 
En 2005, JTI finançait également l’organisation d’une fête de Noël au sein de l’association Les Petits Frères des Pauvres. « Notre but est d’aider les personnes défavorisées pour améliorer leur qualité de vie. (…) Nos programmes sont centrés sur la réduction de la pauvreté, les personnes âgées, l’éducation des adultes et l’aide aux handicapés », indique le site institutionnel du fabricant.
Depuis 2013, la Confédération des Buralistes est partenaire du Secours Populaire. En 2016, l’association, au travers de son président Julien Lauprêtre, s’est associée à Bic pour une opération « 1 briquet = 1 don » ; le briquet, cet objet non anodin puisqu’il constitue un accessoire essentiel du tabagisme
 
 

Ces initiatives ne sont pas dénuées d’intérêt. Au travers de ces partenariats, le lobby du tabac tente de faire oublier :

  • d’une part, que les personnes socialement défavorisées sont les plus touchées par le tabagisme ; à ce titre le tabagisme constitue un facteur important d’aggravation des inégalités sociales et en matière de santé avec une surmortalité pour ces personnes sensiblement aggravée par le tabagisme ;
  • d’autre part, que le tabac constitue un facteur d’appauvrissement. Ainsi, l’argent dépensé pour le tabac (pouvant amputer jusqu’à 20% du budget de certains ménages) réduit de manière proportionnelle la quantité de revenu disponible pour l’alimentation, les soins de santé ou encore le logement a fortiori d’autres budgets comme l’éducation, les loisirs et la culture susceptible de favoriser l’ascension sociale de ces personnes.Ce faisant, le poids réel du tabac pour les personnes en situation de précarité n’est que trop rarement abordé par les organisations chargées de lutter contre la précarité et la problématique tabac et pauvreté reste encore uniquement abordée dans une perspective sanitaire et pas véritablement sociale par les acteurs concernés.

A cela s’ajoute également le fait que par ces actions « philanthropes », le lobby détourne l’attention des pratiques de culture du tabac et de consommation dans de nombreux pays qui causent très directement l’appauvrissement des personnes, l’illettrisme et sont considérés comme des freins au développement.

 

La lutte contre les violences faites aux femmes

 

À l’instar de Japan Tobacco International, le fabricant Philip Morris International semble être particulièrement « investi » dans les problématiques de solidarité, touchant à l’entraide et à l’action sociale ou encore à la lutte contre les violences conjugales.

Le fabricant Philip Morris International finance en effet, tous les ans, de nombreuses structures luttant contre les violences conjugales en France, via divers programmes (hébergements, services juridiques, formations, etc.).

Le soutien de Philip Morris à cette cause est également mentionné dans d’autres pays. Il s’agit en l’espèce d’un axe de développement stratégique des marchés du fabricant auprès de la population féminine. 

Philip Morris a accordé aux programmes de soutien en faveur des femmes victimes de violence domestique en France en 2006, 2009, 2010, 2011 et 2012 plus de 425 000 000 US dollars à ces structures (les rapports d’activité de 2007 et 2008 n’étant pas disponibles sur le site du fabricant, les actions et les montants alloués n’ont pas pu être comptabilisés). 

Parmi les strutures bénéficiant régulièrement de dons du fabricant, on trouve la Fédération nationale Solidarité Femmes (FNSF). Ce « partenariat » est d’ailleurs présenté sur le site institutionnel du fabricant :

De 2009 à 2015, les dons du fabricant à l’association ont représenté une valeur totale de 549 949 US dollars.

Par ailleurs, on peut noter que le fabricant a parrainé la Maison de la mixité du mouvement de l’association Ni putes ni soumises, inaugurée en mars 2006 à Paris en présence du président de la République.

Philip Morris minimise ainsi le risque que ces associations dénoncent le problème majeur de santé publique que constitue aujourd’hui le tabagisme féminin. Ces financements tentent également de faire oublier que les femmes font l’objet de stratégies marketing spécifiquement développées à leur égard (cigarettes fines, aromatisées, packagings féminins, publicités sur les lieux de vente, etc.).
D’une certaine manière, il est étonnant que des associations qui œuvrent pour protéger les femmes à l’égard des violences ne soient pas plus critiques à l’égard des cigarettes. Les brûlures par cigarettes constituent en effet un des moyens de violences majeures et sont du reste répertoriées dans les classifications de ces associations.

 

Le soutien à la cause du handicap

Depuis 2010, la Confédération des Buralistes a noué un partenariat avec l’association Trisomie 21 France en faveur de l’insertion des personnes trisomiques. Tous les ans, une campagne de collecte est organisée au travers d’actions locales « entre les chambres syndicales de buralistes et les fédérations départementales Trisomie 21 ». 

Les objectifs d’une telle initiative sont similaires à celles des fabricants :

  • Nouer des alliances au niveau départemental ;

  • Favoriser une opinion publique positive envers la profession ;

  • Obtenir ainsi une image de respectabilité du public ;

  • Faire oublier les condamnations pour non respect des lois (interdiction de vente de tabac aux mineurs) ;

  • Se protéger contre d’éventuels procès ou poursuites judiciaires.

Il y a également une stratégie de renforcer la Confédération comme l’interlocuteur incontournable et s’exprimant aussi au nom de l’industrie du tabac à bien des égards. Toute la stratégie visant à nouer des partenariats permet ainsi de renforcer le secteur dans son ensemble.

 

L’aide à l’entreprenariat

Cette démarche s’inscrit dans le prolongement des programmes liés à l’entraide et à l’action sociale. Depuis 2012, Philip Morris International effectue chaque année un don important à l’Association pour le Droit à l’Initiative Economique (Adie), dont la mission est de financer et accompagner les micro-entrepreneurs n’ayant pas accès au crédit bancaire à travers le microcrédit. Ces dons ont représente une valeur totale de 649 218 US dollars, de 2012 à 2015.

Les démarches sont similaires à celles présentées précédemment, à savoir se positionner sur le créneau de la respectabilité, la recherche d’une image favorable, d’entreprise citoyenne.

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