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jeudi 9 avril 2020
Le tabac – principal facteur de maladies non transmissibles

Le tabac – principal facteur de maladies non transmissibles

Le nombre de décès annuels dus à des maladies liées au tabac s’élève désormais à huit millions, selon l’OMS. En outre, le fardeau de la consommation de tabac dépasse la sphère de la santé et sape le développement social et économique des nations. Le coût économique mondial du tabagisme a été estimé à 1 400 milliards de dollars en 2012[1] et les pays à revenu faible ou intermédiaire ont supporté 40% du coût[2].

La réduction de l’épidémie mondiale de maladies non transmissibles (MNT) (comme le cancer, les maladies cardiovasculaires, respiratoires et le diabète) ne dépendra pas essentiellement de nouveaux avancements ou découvertes, mais de la mise en œuvre de mesures démontrées comme efficaces et déployées selon de bonnes pratiques. Telles est la finalité de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT). Une proportion élevée de décès prématurés dus aux maladies non transmissibles est causée par un seul facteur de risque évitable : le tabagisme, commun à l’ensemble des catégories des maladies non transmissibles. Si les gouvernements veulent progresser dans la prévention des maladies non transmissibles, ils devront réduire le tabagisme.

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Le nombre de fumeurs de tabac devrait se maintenir à environ 1,1 milliard d’ici 2025, 80% des fumeurs dans le monde vivant actuellement dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Selon l’OMS, le nombre de fumeurs « continue de croître dans les régions d’Afrique, du côté oriental de la Méditerranée et d’Asie du Sud-Est ».

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L’industrie du tabac est connue pour saper systématiquement les politiques de réduction de la consommation et continue à déployer des stratégies agressives visant à développer ses ventes de cigarettes et autres produits du tabac. Un récent rapport de surveillance de l’industrie indique que les fabricants de tabac « continuent de faire des recours devant les tribunaux et de défier toute mesure de lutte antitabac fondée sur des évidences scientifiques. Ceux-ci poursuivent leurs efforts de commercialisation massive de leurs cigarettes et introduisent de nouvelles marques avec force promotion».

Les investissements publics dans la lutte antitabac sont à la traîne par rapport aux autres problèmes de santé et l’action de lutte contre le tabagisme est souvent fragmentée en raison du manque de coordination adéquate par et entre les parties prenantes. Ainsi, les gouvernements devraient s’engager à réduire la consommation de tabac en :

– Renforçant les mécanismes nationaux de coordination pour assurer une collaboration multisectorielle solide et protéger les politiques de lutte antitabac contre les intérêts commerciaux et autres de l’industrie du tabac.

– Renforçant les plans nationaux de lutte antitabac par l’adoption de mesures tarifaires et fiscales plus strictes.

Récemment, de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire ont adopté des lois historiques sur la taxation du tabac, le vapotage, l’interdiction de la publicité ou la mise en place de lieux publics sans fumées.

  • Le Tchad a introduit dans des droits de consommation ou accises avec une part variable de 30% et une taxe spécifique de 0,16 $ US sur chaque paquet de cigarettes, 30% des recettes étant allouées au Programme national de contrôle du tabac, de l’alcool et des drogues.
  • L’Éthiopie – où les cigarettes étaient parmi les moins chères au monde – a adopté une loi en février pour introduire un taxe spécifique de 0,25 USD sur chaque paquet de cigarettes, en plus d’une taxe de 30% sur la production.
  • Aux Philippines, une loi récente exige une augmentation des « taxes sur les cigarettes » de 0,95 $ US cette année et de nouvelles taxes sur les cigarettes électroniques et les produits du tabac chauffés.
  • Au Cambodge, les mesures fiscales relatives au tabac ont été renforcées ces dernières années.
  • Au Pakistan, début mars, le ministère des Services nationaux de santé a adopté la suppression des étals des produits de tabac dans les points de vente qui se caractérise par une interdiction des linéaires de paquets.
  • En février 2020, la présidente du Sénat bolivien, Eva Copa a signé un projet de loi de lutte contre le tabagisme. La nouvelle loi vise à réduire la consommation de tabac et l’exposition à ces produits. Elle interdit totalement et sans exception de fumer dans tous les lieux intérieurs publics. De plus grands avertissements graphiques sanitaires couvrant 60% du recto et du verso des paquets de cigarettes sont imposés et des restrictions sont prévues en matière de publicité, promotion et parrainage du tabac.
  • Au Mexique, le président a publié un décret interdisant l’importation et l’exportation de cigarettes électroniques et de produits du tabac chauffés afin de protéger les jeunes contre le risque de dépendance à la nicotine.

Alors qu’elles se réunissent aux Pays-Bas en novembre prochain, les parties à la CCLAT sont dans une position stratégique pour jouer un rôle moteur dans la transition vers un monde se caractérisant par des générations sans tabac et par  la promotion du développement durable. La Conférence des Parties du traité de la CCLAT devrait notamment aborder les domaines où une action et des investissements urgents produiront le plus grand impact.

Fin janvier, Vera Luiza da Costa e Silva, cheffe du Secrétariat, de la Convention-cadre de l’OMS et du Protocole de lutte contre le commerce illicite, a appelé la communauté de la lutte antitabac à « continuer à œuvrer pour un monde meilleur ». Elle a notamment souligné le rôle majeur de la la société civile qui est notamment « de continuer faire pression pour une  mise en œuvre du traité en dépit des obstacles opposés par l’industrie du tabac et par d’autres intérêts commerciaux qui mettent le profit avant la santé et les droits de l’homme ».


[1] Goodchild M, Nargis N, Tursan d’Espaignet E Global economic cost of smoking-attributable diseases Tobacco Control 2018;27:58-64.

[2] Ibid

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