Livre blanc – Parvenir à une génération sans tabac – Contribution de la société civile
En provoquant 75 000 morts annuellement, le tabagisme reste la toute première cause de mortalité prématurée évitable en France. Les coûts qui en résultent, tant sociaux que sanitaires, sont faramineux et près de dix fois supérieurs aux taxes que rapportent les produits du tabac. En conséquence, la réponse publique se doit d’être à la mesure du péril.
Au niveau international, la France figure parmi les pays en pointe en matière de mesures adoptées pour contrer cette épidémie de tabagisme, mais peine à appliquer certains principes, en particulier celui de l’interdiction de vente aux mineurs. Les mesures engagées ces dernières années, comme l’instauration du paquet neutre ou les augmentations substantielles du prix du tabac ont permis de réduire le nombre de fumeurs, notamment chez les jeunes. La prévalence tabagique reste cependant très élevée, avec 25 % de fumeurs quotidiens. La pandémie de COVID-19 a même contribué à figer ces taux, dont la baisse s’était pourtant accélérée depuis 2016. En fixant à 2032 l’objectif d’une génération sans tabac, soit une prévalence de moins de 5 % de fumeurs quotidiens pour la tranche d’âge née en 2014, les pouvoirs publics, et en premier lieu le président de la République, ont affiché l’intention d’une volonté ferme d’épidémie tabagique. Nous ne pouvons que les encourager à maintenir ce cap coûte que coûte, sous peine de voir davantage de nos concitoyens devenir dépendants à long terme, contracter des pathologies et décéder, à seule fin d’enrichir les industriels du tabac.
Acteurs de la société civile, nous avons inlassablement alerté les pouvoirs publics sur la nécessité d’agir plutôt que de se satisfaire du statu quo ou d’invoquer une fatalité qui ne tient en rien au hasard.
Par nos actions de plaidoyer, nous avons sans relâche attiré leur attention et avons le plus souvent été à l’origine des mesures adoptées pour faire reculer le tabagisme. Les acteurs de la société civile ont exercé une surveillance constante de l’industrie du tabac et de ses nombreux relais, souvent masqués,
et nous nous sommes fréquemment interposés face aux industriels du tabac en lieu et place de la puissance publique. Nos travaux de recherche et de documentation permettent de dresser un état du marché des produits du tabac et de la nicotine, de l’impact de leur consommation sur les femmes et sur les populations les plus vulnérables (jeunes, catégories défavorisées, minorités) et des multiples infractions observées sur le terrain.
La société civile se distingue également par la promotion et la mise en oeuvre de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT), après avoir activement contribué à son élaboration. Le rappel perpétuel des exigences et des possibilités offertes par la CCLAT, et plus spécialement de son article 5.3 qui proscrit toute ingérence des industriels du tabac dans les politiques publiques, nous apparaît indispensable. L’attribution à l’éco-organisme Alcome de la mission de collecte des déchets et sa récente annulation par le Conseil d’État illustrent parfaitement cette nécessité.
Ce Livre Blanc a précisément pour objet de mettre en lumière les multiples apports de la société civile à la lutte contre le tabac et sa contribution incontournable pour parvenir à une génération sans tabac. Alors que les industriels développent sans cesse de nouveaux produits à base de nicotine et cherchent à renouveler leur marché, les actions conduites par la société civile semblent donc plus que jamais primordiales. La dénormalisation du tabac et de la nicotine implique ainsi un changement de paradigme qui devrait orienter le prochain Programme national de lutte contre le tabac (PNLT) vers une réelle sortie du tabac.
Pr Yves Martinet,
Président du CNCT
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