Inciter à arrêter

Augmenter les taxes : la meilleure incitation à l'arrêt

Les augmentations de taxes conduisant à une hausse importante des prix des paquets de cigarettes et autres produits du tabac constituent l’une des mesures les plus efficaces pour inciter les fumeurs à arrêter. Cet impact est d’autant plus important chez les jeunes et les personnes issues de milieu économiquement défavorisées dont les revenus sont limités.

Dans une étude réalisée par le CNCT, le prix du tabac est le premier facteur de motivation dans le choix d’arrêt des fumeurs, juste avant la peur de tomber malade[1].

D’autres indicateurs montrent clairement l’impact direct d’une fiscalité dynamique sur les démarches d’arrêt : une hausse de 10 % des taxes induit une progression de 7,5 % de la demande de traitements de la dépendance tabagique par le biais de substituts nicotiniques.

Une hausse de 10 % des prix peut faire baisser la consommation de tabac de 4 % dans les pays à haut revenu et de 8 % dans les pays à revenu faible ou intermédiaire[2].

On constate également une progression sensible des appels sur la ligne TIS (Tabac Info Service) à l’annonce et dans le prolongement de hausses de prix du tabac.

La politique fiscale associées à différentes mesures de lutte contre le tabagisme mise en œuvre depuis 2017 illustre bien combien les hausses de taxes répétées et conséquentes incitent à l’arrêt des fumeurs et dissuadent les jeunes de commencer. Ces hausses ont été menées en parallèle d’une prise en charge des traitements de la dépendance tabagique mais aussi du développement  d’espaces sans tabac particulièrement précieux pour éviter les rechutes. Cela a sensiblement entraîné une réduction de la proportion de fumeurs de tabac dans la population adulte de 29,4% à 25,4% entre 2016 et 2018[3].

Le CNCT rappelle que l’efficacité de cette politique fiscale demeure conditionnée à l’ampleur de la hausse adoptée : en raison d’une élasticité inférieure à 1, il importe d’avoir une hausse des prix de 10 % pour avoir un réel impact sur la réduction de la consommation. Par ailleurs, il convient de veiller à ce que les fabricants ne contournent pas ces hausses en conservant des produits et des marques d’appel pour lesquels ils ne répercutent pas intégralement les hausses. Enfin, ces hausses de la fiscalité doivent être globales et concerner non seulement les cigarettes, mais également le tabac à rouler, les cigarillos, la shisha, etc. afin d’éviter des transferts de consommation vers des produits moins chers.


[1] Etude LH2, 17-29 novembre 2008, réalisée auprès d’un échantillon représentatif de la population française de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas sur les critères du sexe, âge, CSP du chef de famille, Région UDA, tranche d’unité urbaine

[2] Augmenter les taxes sur le tabac, ce que vous devez savoir, Organisation Mondiale de la Santé, 2014

[3] Bourdillon F. Éditorial. Baisse du tabagisme en France : un million de fumeurs quotidiens de moins entre 2016 et  2017. Un succès pour la santé publique. Bull Epidémiol Hebd. 2018;(14-15):262-4