Paris, le 25 février 2025 – Une étude menée par le CNCT permet de documenter la persistance des niveaux de publicités illégales en faveur des produits du tabac et de la nicotine, sur les réseaux sociaux et les sites internet des fabricants. Cette situation est d’autant plus préoccupante que la réglementation relative à la protection des mineurs est massivement contournée par les marques. Face à ces stratégies délibérées d’infraction, le CNCT appelle à un renforcement des contrôles et des sanctions.

Avec le soutien du Fonds de lutte contre les addictions, le CNCT mène depuis plusieurs années des observatoires sur les nouveaux produits du tabac et de la nicotine, se focalisant particulièrement sur les stratégies marketing qui leur sont associées. Tout au long de l’année 2024, le CNCT a surveillé l’activité en ligne de vingt marques de produits du tabac et de la nicotine (tabac à chauffer, vapotage, sachets de nicotine, etc.), à travers une veille systématique de différents canaux de communication digitaux : réseaux sociaux (X, Facebook, Instagram), SMS et newsletters, sites internet.

668 insertions publicitaires sur les réseaux sociaux en 2024

L’étude permet d’abord de documenter la persistance d’une stratégie publicitaire illégale de grande ampleur. En 2024, l’observatoire a ainsi permis de recenser 668 insertions publicitaires illégales sur les réseaux sociaux. Bien qu’important, le phénomène observe toutefois un net recul par rapport à 2023 (-37%), pouvant s’expliquer par deux raisons principales. D’une part, l’annonce de l’interdiction des cigarettes électroniques jetables par les pouvoirs publics a participé à réduire l’effort publicitaire des fabricants en faveur des puffs. D’autre part, les différentes actions en justice menées par le CNCT se sont traduites par la suspension des activités publicitaires de plusieurs fabricants.

Sachets de nicotine, arômes et offres promotionnelles

L’observatoire fait également état d’un transfert de l’effort publicitaire vers les sachets de nicotine, qui représentent plus de 40% des insertions publicitaires identifiées sur les réseaux sociaux. A cet égard, le CNCT rappelle que la vente de ces produits est interdite, et s’apparente à une commercialisation d’une substance vénéneuse. Dans l’ensemble, les arguments publicitaires s’appuient essentiellement sur la diversité des arômes disponibles et sur la multiplication des offres promotionnelles, illustrant une stratégie de ciblage des jeunes générations par les fabricants.

Des produits rendus accessibles aux mineurs

Cette stratégie de ciblage s’illustre par la volonté des fabricants de maintenir ces produits accessibles pour les jeunes sur leurs sites internet. En effet, aucun dispositif de vérification rigoureuse de l’âge n’est mis en place par les fabricants, qui se contentent la plupart du temps d’une simple auto-déclaration de l’âge par l’internaute, insuffisante pour garantir le respect de l’interdiction de vente des produits du tabac et de la nicotine aux mineurs. Par ailleurs, moins d’un tiers des sites affichent un avertissement conforme et visible sur le caractère addictif de la nicotine, tel que défini par le Code de la santé publique.

Contrôles, sanctions, interdiction : les recommandations du CNCT

Face à ce constat, le CNCT formule quatre recommandations. Premièrement, étendre l’interdiction de vente en ligne des produits du tabac aux produits du vapotage et restreindre la distribution au détail à des lieux de vente physiques strictement encadrés et en nombre restreint. Deuxièmement, faire appliquer l’interdiction de commercialisation des produits à la nicotine tels que les sachets et les perles de nicotine, ainsi que toute la publicité associée. Troisièmement, renforcer les mesures de contrôles pour garantir l’effectivité des interdits protecteurs. Enfin, renforcer les sanctions pour qu’elles aient un caractère dissuasif et préviennent la récidive de nouveaux contournements.

Pour Yves Martinet, président du CNCT, « cette étude démontre une fois de plus que le non-respect de la réglementation et le ciblage des jeunes générations sont des éléments consubstantiels de la stratégie commerciale de l’industrie du tabac et de la nicotine. En raison de la faiblesse des sanctions actuelles, la violation systématique de la réglementation demeure plus rentable pour les fabricants que son respect. Tant que les pouvoirs publics ne prévoiront pas de sanctions véritablement dissuasives, la protection des jeunes générations ne pourra être garantie ».