« Arrêtons d’emmerder les Français » avec les terrasses sans tabac : le CNCT dénonce les propos irresponsables du ministre de la Santé
Paris, le 21 Février 2025 – Interviewé sur Sud Radio, le ministre de la Santé et de l’Accès aux soins a fait part de son scepticisme à l’égard de l’interdiction de fumer sur les terrasses des cafés et des restaurants. Minimisant les risques sanitaires des faibles consommations et éludant la question du tabagisme passif, les propos anachroniques de Yannick Neuder sont indignes d’un cardiologue, et, a fortiori, d’un ministre de la Santé.
Les Français sont majoritairement favorables aux espaces sans tabac
Bien qu’il n’ait pas explicitement tranché la question à l’antenne, le ministre de la Santé a affiché une réticence certaine à interdire la consommation de produits du tabac sur les terrasses de cafés et de restaurants. En effet, Yannick Neuder a repris à son compte la formule pompidolienne, appelant à « arrêter d’emmerder les Français », au profit de mesures alternatives « acceptables avec tout le monde », à l’instar de « campagnes de dépistage sur le cancer ». Les chiffres disponibles à ce jour montrent en réalité qu’une majorité de Français soutient les terrasses sans tabac (56% en 2021). La mesure, recommandée par la Commission européenne, va être introduite en Belgique.
Une minimisation inacceptable des dégâts sanitaires
Surtout, les propos de Yannick Neuder témoignent d’une ignorance inquiétante à l’égard des risques sanitaires occasionnés par le tabagisme. Pour le ministre de la Santé, le rôle des pouvoirs publics est de de lutter contre la consommation de « tabac à grosse dose », et non de s’attaquer « au moment de quiétude » du consommateur qui « fume une cigarette » avec son café. Associer l’épidémie tabagique à l’origine de 75 000 morts prématurés évitables par an à une consommation faisant partie des « moments de la vie » est particulièrement préoccupant de la part d’un ministre de la Santé. Il est par ailleurs utile de rappeler à Yannick Neuder que les faibles consommations ne s’accompagnent pas de petits risques. En effet, comparés aux personnes n’ayant jamais fumé, les « petits fumeurs » ont 2,5 fois de risque de mourir d’une maladie respiratoire et 8,6 fois plus de décéder d’un cancer du poumon. Enfin, la question du tabagisme dans les espaces publics et partagés n’est pas une problématique de liberté individuelle mais de santé publique. Ainsi, il est aujourd’hui bien établi que la consommation de tabac sur les terrasses, y compris ouvertes, augmente considérablement la pollution de l’air, et constitue un risque sanitaire, pour les fumeurs comme les non-fumeurs.
Le CNCT appelle le ministre à la responsabilité
La multiplication des espaces sans tabac fait partie du Programme national de lutte contre le tabac (2023-2027), en raison du rôle que joue cette mesure dans la prévention et la dénormalisation du tabagisme. Alors que les pouvoirs publics ont renoncé à la mise en place d’une trajectoire fiscale sur les produits du tabac pour la cinquième année consécutive, le scepticisme affiché du ministre de la Santé à l’égard d’une mesure scientifiquement éprouvée est un signal alarmant, et questionne la détermination du gouvernement à tenir son objectif d’arriver à une première génération sans tabac d’ici 2032. La lutte contre le tabagisme ne peut se limiter à une succession de campagnes de sensibilisation, mais nécessite la mise en place de mesure ambitieuses et menées au long cours.