Les femmes, cibles de l’industrie du tabac
En France, si la mortalité des hommes causée par le tabac est en recul depuis les années 1990[1], celle des femmes, en revanche, connaît une croissance continue depuis les années 1980.
Cette « progression » est en grande partie le résultat d’une stratégie marketing sophistiquée des cigarettiers. Un siècle de campagnes de publicités ciblées et d’utilisation d’icônes du cinéma ainsi que la conception constante de nouveaux produits aux noms, formes, goûts et couleurs spécialement étudiés pour les femmes sont parvenus à transformer la cigarette. Jadis attribut de l’homme, elle est ainsi devenue accessoire de mode ultra glamour, signe extérieur de féminité exacerbée et assumée.
Cœur de cible de cette stratégie commerciale, 21,8 % des jeunes femmes de 15-19 ans fument régulièrement, 32,5 % chez les 20-25 ans, 28,7 % chez les 26-34 ans, 30,8% chez les 35-44 ans, etc. [2] Par ailleurs, 17,8% des femmes enceintes fument toujours au troisième trimestre de grossesse, selon le nouveau Baromètre santé INPES 2014.
La cigarette vendue comme un « partenaire minceur »
Un des premiers arguments utilisé pour inciter les femmes à fumer est l’argument minceur.
Cet argument est trompeur. En effet, la cigarette n’est pas un « partenaire minceur » durable et ne les empêchera pas de grossir plus tard, bien au contraire. En réalité, à terme, fumer favorise la prise de ventre et donne aux femmes une silhouette moins féminine.
La cigarette transformée en accessoire de mode
Puis, à partir des années 60, sont apparues les premières marques de cigarettes conçues pour les femmes, aux paquets décorés comme des accessoires pouvant s’assortir à la tenue, à la forme « slim » et au goût « léger », évocateur d’une silhouette de rêve et d’une féminité sophistiquée.
La cigarette, un produit de consommation de masse transformé en objet culte
En l’espace de quelques décennies, la cigarette est ainsi devenue tout autant un symbole d’émancipation à l’égard de l’homme qu’un instrument pour susciter leur désir. En s’appuyant sur les grands mouvements d’émancipation et en faisant incarner ces valeurs par des stars du cinéma, souvent payées pour donner une image positive de la consommation de tabac dans les films, l’industrie du tabac a réussi à imprimer les esprits au point de faire assimiler par tous comme de la culture ce qui relevait de la pure stratégie publicitaire.
[1] Fédération nationale des observatoires régionaux de santé (FNORS), Base de données Score Santé, cité sur le site de l’OFDT, http://www.ofdt.fr/ofdtdev/live/produits/tabac/consequ.html#aff_rech [2] La consommation de tabac en France en 2014 : caractéristiques et évolutions récentes
http://www.inpes.sante.fr/CFESBases/catalogue/pdf/1611.pdf