L’arrêt du tabac : aussi efficace que les antidépresseurs
Certains fumeurs souhaitent arrêter de fumer mais poursuivent leur tabagisme, pensant que l’arrêt du tabac va avoir des effets néfastes sur leur niveau de stress.
Parallèlement, certains professionnels de santé hésitent à orienter vers l’arrêt des fumeurs présentant une maladie mentale de peur d’aggraver leur état.
Gemma Taylor et al (1) ont effectué une revue systématique de l’ensemble des études scientifiques publiées dans la littérature internationale concernant le retentissement de l’arrêt du tabagisme sur l’humeur, le stress et la dépression des fumeurs en comparant cet état avant et après l’arrêt avec un suivi au minimum de six semaines.
Ces études démontrent que, chez les fumeurs ayant arrêté, l’anxiété a baissé de 37 %, la dépression de 25 %, l’anxiété associée à la dépression de 31 % et le stress de 27 %, alors que chez ceux poursuivant leur tabagisme ces symptômes ont persisté.
De plus la qualité de vie psychologique et les affects positifs se sont améliorés chez ceux arrêtant de fumer et non chez les fumeurs poursuivant leur tabagisme.
Les mêmes effets bénéfiques sur la santé mentale sont observés chez les fumeurs « sains » et chez ceux présentant une maladie physique et/ou psychiatrique ; l’effet de l’arrêt du tabac sur les troubles de l’humeur est égal voire supérieur à celui d’un traitement par antidépresseurs.
Les auteurs concluent que l’arrêt du tabac est associé à une réduction de la dépression, de l’anxiété et du stress et à une amélioration de l’humeur ainsi que de la qualité de vie. Ces effets sont observés chez les sujets présentant ou non une affection psychiatrique.
Aussi les fumeurs peuvent-ils être rassurés : arrêter de fumer améliorera leur état psychologique.
Comment expliquer, alors, que les fumeurs souffrant ou non d’une maladie psychiatrique pensent que fumer améliore leur humeur, réduit leur stress et leur dépression ? En fait ils attribuent cette capacité à la cigarette en se fondant sur leur observation que fumer permet d’éviter le manque lié à l’arrêt de leur prise de nicotine alors que c’est le fait de fumer qui est à l’origine de ces troubles psychologiques. Or ceux-ci disparaissent rapidement avec l’arrêt du tabac.
Source (1) Gemma Taylor, Ann McNeill, Alan Girling, Amanda Farley, Nicola Lindson-Hawley, Paul Aveyard ; Change in mental health after smoking cessation : systematic review and meta-analysis.
BMJ 2014 ; 348 : g 1151 doi : 10.1136/bmj.g1151 (Published 12 February 2014)