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Les campagnes de communication qui font peur sont-elles efficaces ?

Les campagnes de communication qui font peur sont-elles efficaces ?

Focus sur les campagnes anti tabac diffusées dans les médias

La diffusion régulière de campagnes de prévention dans les médias (télévision, affichage, Internet, radio, cinéma, presse, SMS, etc.) afin de cibler le grand public est recommandée par l’Organisation mondiale de la Santé dans le cadre de l’article 12 de la Convention Cadre Anti Tabac (CCLAT) pour plusieurs raisons :

  • Elles permettent de contrecarrer l’impact des publicités très positives diffusées par les industriels du tabac pour la promotion de leurs marques de cigarettes. En France, les publicités pour les marques de tabac existent toujours malgré la loi Evin [1], il est donc opportun de mener des campagnes de prévention régulières pour contrer ce marketing ;
  • Elles sont nécessaires pour faire évoluer les mentalités et améliorer le niveau d’information de la population sur le problème du tabac. Des campagnes qui présentent les dangers du tabac sont nécessaires en France dans ce but, car si une grande majorité de Français sait que la consommation de tabac est nocive, ils ne sont pas conscients de l’ampleur réelle des risques encourus et méconnaissent certains méfaits liés au tabac (cf. rapport de la Cour des Comptes sur l’évaluation des politiques de lutte contre le tabagisme, 2012) ;
  • Les campagnes de prévention sont efficaces pour changer l’image du tabac, motiver les fumeurs à diminuer ou arrêter leur consommation de tabac, inciter les non fumeurs à le rester, réduire la consommation chez les jeunes et faire parler du tabac dans la société. Or, concevoir une campagne de communication efficace pour atteindre ces objectifs ne s’improvise pas :
Optimiser l’efficacité des campagnes d’incitation à arrêter de fumer

Les auteurs Durkin, Brennan et Wakefield (2012) ont fait une synthèse des recherches menées sur les campagnes d’incitation à l’arrêt du tabac des adultes. Ils en ont déduit que, pour être efficaces, les communications doivent être :

  • répétées. Dans les pays industrialisés, un minimum de 4 800 GRP par an est souhaitable (le GRP est un indicateur de la pression publicitaire. Il représente la puissance, l’affinité sur la cible visée et la répétition d’un plan médias) ;
  • diffusées dans des médias pertinents par rapport à la cible. La télévision apparait le média le plus efficace pour toucher les fumeurs, améliorer la mémorisation de la campagne et faire réagir la cible (appeler un numéro d’aide à l’arrêt) ;
  • adaptées, en termes de contenu, aux sous-groupes de population. Ainsi des études recensées dans cet article montrent que les fumeurs en situation précaire réagissent plus face à des campagnes qui suscitent des émotions négatives et présentent les méfaits du tabac sur la santé pour la forme de témoignages.

 

Source : Durkin S., Brennan E., Wakefield M. (2012), Mass media campaigns to promote smoking cessation among adults: an integrative review, Tobacco Control, 21, 127-38.
 
[1] Gallopel-Morvan K. (2012), le marketing des industriels du tabac et son influence sur les individus, Actualité et dossier en santé publique (ADSP) (revue du Haut Conseil de la santé publique), La Documentation Française, 81, 53-55. 

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