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vendredi 7 mai 2010
Le tabac aggrave les inégalités sociales, appauvrit les pays et constitue un obstacle au développement

Le tabac aggrave les inégalités sociales, appauvrit les pays et constitue un obstacle au développement

Le tabac : un marqueur social en France et dans les pays aisés

 

Aujourd’hui, les personnes issues de catégories socio-professionnelles moins favorisées sont plus nombreuses à fumer et sont moins nombreuses à parvenir à arrêter. Les plus gros fumeurs sont les plus pauvres[1]. En France, alors que la prévalence moyenne est de 30 %, la part des ouvriers et des chômeurs est respectivement de 43 et 49 %[2].

Il existe également un lien fort entre diplôme, emploi, revenu et statut tabagique : les moins diplômés sont en moyenne 45 % à fumer alors que cette proportion est limitée à 26 % pour les personnes ayant un diplôme universitaire[2].

Le tabagisme constitue l’un des facteurs majeurs des inégalités sociales et de santé. Il est directement responsable d’une partie importante de la différence d’espérance de vie selon les catégories sociales.

De plus, les enfants issus de familles défavorisées sont plus exposés au tabagisme passif que ceux issus de milieux plus aisés. Au Royaume Uni, 54 % des enfants de milieux peu aisés étaient exposés à la fumée de tabac à leur domicile alors que cette proportion était de 18 % parmi les catégories aisées. Or, cette exposition au tabagisme parental présente des risques directs pour les enfants et de surcroît, contribue à la reproduction des comportements : on sait en effet que le risque qu’un enfant se mette à fumer est plus important s’il a eu un de ses parents fumeur[3].

Le tabac appauvrit les pays et constitue un obstacle au développement

Quels que soient les pays concernés, y compris les pays producteurs de tabac sur le moyen terme, le tabac coûte aux sociétés. En France, on estime que son coût net équivaut à 3 % du Produit Intérieur Brut[4].

Par ailleurs, au niveau international, l’épidémie tabagique touche de plus en plus les pays pauvres et intermédiaires, principalement en raison du développement des activités des sociétés multinationales de tabac[5]. D’ici 2030, les prévisions de mortalité indiquent que sur les 8 millions de décès annuels attribuables au tabac, 70 % concerneront des pays en développement.

Or, l’argent dépensé pour le tabac réduit de manière proportionnellement beaucoup plus importante la quantité de revenu disponible pour l’alimentation, les soins de santé, le logement et l’éducation.

Au Cambodge, avec l’argent dépensé pour le tabac, on pourrait acheter suffisamment de riz pour nourrir les 39 % de la population vivant en-dessous du seuil de pauvreté. Au Vietnam, on dépense 2,3 fois plus pour le tabac que pour l’éducation, et au Bengladesh, 10 fois plus.

Réduire la consommation de tabac parmi les personnes démunies contribue à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD)

Les Objectifs du Millénaires pour le Développement, adoptés par les Nations Unies et les états membres, fixent des objectifs globaux de réduction de la pauvreté et encouragent le développement dans les pays à faibles revenus et à revenus intermédiaires. La lutte contre le tabagisme joue rôle important pour parvenir à la réalisation de ces objectifs.

 Objectifs du Millénaire pour le développement :

  1. Éradiquer l’extrême pauvreté et la faim
  2. Parvenir à une éducation primaire universelle
  3. Promouvoir l’égalité entre les sexes et renforcer le rôle des femmes
  4. Réduire la mortalité infantile
  5. Améliorer la santé maternelle
  6. Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et les autres maladies (y compris la tuberculose)
  7. Veiller à la préservation de l’environnement
  8. Mettre en place un partenariat global pour le développement

La lutte contre le tabagisme peut contribuer, de nombreuses manières, à réaliser ces objectifs en :

  • réduisant la quantité d’argent dépensé pour le tabac plutôt que pour l’alimentation (Obj. 1) ;
  • encourageant le transfert des dépenses du tabac vers les besoins fondamentaux des familles en soins et éducation (Obj. 1, 2, 3, 4, 5) ;
  • réduisant le nombre d’enfants qui ne sont pas en mesure d’aller à l’école parce qu’ils travaillent à la culture du tabac ou à la fabrication manuelle des produits du tabac (Obj. 2) ;
  • réduisant le nombre de femmes qui fument et sont exposées au tabagisme passif (Obj. 3) ;
  • réduisant l’exposition de toute la population, notamment les enfants et les femmes enceintes, à la fumée passive (Obj. 4, 5) ;
  • réduisant la mortalité par VIH/SIDA et par tuberculose qui sont liés à la consommation de tabac (Obj. 6) ;
  • réduisant les dégâts sur l’environnement qui résultent de la culture du tabac, de son séchage, de sa consommation  et de la mise à disposition de ses produits (Obj. 7) ;
  • établissant des coalitions efficaces de lutte contre le tabagisme (Obj. 8).

 


[1] The Oxford Health Alliance. Chronic disease : an economic perspective, Londres, 2006
[2] Regards Santé n° 20, ORS PACA, 2009
[3] Tyas S, L & Pederson LL, 1998, Psychosocial factors related to adolescent smoking : a critical review of the literature, Tob Control 7 (4) 40- 420
[4] Le coût social des drogues, P Kopp, Ph Fenoglio, OFDT, 2005
[5] Shafey O, Eriksen M, Ross H, Mackay J. The tobacco atlas (3rd ed.). Atlanta, GA: American Cancer Society, 2009. www.cancer.org/docroot/AA/content/AA_2_5_9x_Tobacco_Atlas_3rd_Ed.asp
 

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